Comme chaque année, 2023 fut émaillée de revers cuisants et d'autres aux conséquences moins importantes. Certains ont rapidement trouvé écho sur Clubic et d'autres sont restés sous le radar. Mais en cette fin décembre, il est temps de regarder la réalité en face. Ce n'était pas des échecs, ça n'a juste pas marché.
10 : Ce n'est pas son nom !
La liste commence par une révélation étonnante, mais sans grande conséquence. La Russie met en place d'ici quelques années sa constellation Sfera, centrée sur les besoins étatiques de connectivité, ainsi que sur d'autres services comme l'imagerie. On a appris cette année que Sfera s'appelle ainsi… parce que Vladimir Poutine s'est trompé de nom lors de l'annonce de la création en 2018. L'agence nationale, Roscosmos, l'appelait alors Ehfir (Ether) et n'avait pas prévu de changement, mais après cette petite bourde, tout a été rapidement renommé. Il s'agit de ne pas vexer le chef de l'état.
9 : La boite à outils qui s'en va
Voici une autre maladresse, qui date du 1er novembre. En sortie spatiale à l'extérieur de la Station Spatiale Internationale, les deux astronautes américaines Jasmin Moghbeli et Loral O'Hara sont toutes les deux au cœur de leur première expérience en scaphandre, 400 km au-dessus de la Terre. La sortie se passe bien, mais les deux astronautes n'ont plus le temps de s'occuper d'une antenne, et posent des questions aux équipes au sol. Un moment d'inattention et hop ! Un sac contenant plusieurs outils part à la dérive. Une erreur qui, une fois le « débris » bien catalogué, reste anecdotique : d'ici un an ou deux, le sac sera désintégré dans les hautes couches de l'atmosphère.
8 : Un parachute qui a bien failli ne pas sortir
Cette fois, ce n'est pas passé loin. En septembre, la capsule de la mission OSIRIS-REx ramène sur Terre les inestimables échantillons prélevés sur l'astéroïde Bennu au début de la décennie. Elle traverse l'atmosphère et déploie son parachute au-dessus du désert en Utah (États-Unis) avant de se poser. On ne l'apprendra que plusieurs semaines après, mais les trois câbles du système de commande étaient mal branchés. Le petit parachute qui devait sortir son grand frère lors de la descente a même été éjecté pour rien. Heureusement que cette histoire se termine bien ! Les échantillons sont à l'étude à Houston.
En parlant des échantillons d'OSIRIS-REx, une grande partie d'entre eux n'est toujours pas documentée, parce que la partie centrale du collecteur… est toujours fermée. La faute à une vis récalcitrante ou grippée, et à un outil mal adapté pour « forcer » et ouvrir le petit container étanche. Sauf que l'ensemble est déjà partiellement ouvert dans un box à atmosphère contrôlée, et qu'il n'est pas possible d'ouvrir le « sas » quand on le souhaite. Une petite équipe s'occupe actuellement de préparer un outil adapté. En attendant, les scientifiques travaillent avec les poussières collectées sur le rebord du boitier. Mais quand même, cela fait 4 mois qu'il est là… fermé.
7 : La capsule qui n'a pas pu revenir sur Terre
Une autre capsule a malheureusement fait parler d'elle cette année. C'est celle de l'entreprise Varda Space. Envoyée en orbite en juin, sa première minuscule « usine spatiale » a réussi à produire du ritonavir, un médicament principalement dédié à lutter contre le SIDA, à plus de 500 kilomètres d'altitude, profitant de l'impesanteur. Oui, sauf que la capsule qui devait ramener les échantillons prototypes sur Terre n'a pas reçu l'autorisation de se poser aux États-Unis, car Varda ne peut fournir les garanties nécessaires sur la sécurité de son système. Résultat, elle a produit des médicaments, mais ne peut les ramener sur Terre sans le coup de tampon administratif. Dommage !
6 : Revenez dans trois mois !
Les délais administratifs ont fait d'autres victimes cette année. C'est le cas de la fusée expérimentale Miura-1, préparée par la PME espagnole PLD Space, qui espérait l'envoyer vers l'espace à la fin du mois de mai. De quoi valider le design et poursuivre les travaux de la plus imposante fusée Miura-5 ! Mais le 31 mai, quand elle est enfin prête, des vents en haute altitude repoussent le vol. Deuxième autorisation le 17 juin, et cette fois le compte à rebours arrive à zéro, c'est le moteur-fusée qui se met en sécurité après avoir détecté un problème. Le plus gros délai viendra toutefois du gouvernement espagnol : la base côtière d'El Arenosillo interdit les vols l'été à cause des risques d'incendie, rendez-vous dans 3 mois ! La fusée a finalement pu décoller le 7 octobre.
5 : Un système de sauvegarde qui détruit sa fusée
Les fusées, lors de leurs premiers vols, ne sont pas exemptes de gros problèmes de design. Ce fut le cas cette année en Corée du Nord. La dictature a mis en service sa nouvelle fusée capable d'envoyer des satellites de plusieurs centaines de kilogrammes en orbite basse, Chollima-1. Mais cette dernière avait quelques soucis de jeunesse. En particulier lors de son 2e tir le 23 août, les autorités ont bien cru que la fusée allait atteindre l'orbite… Mais à une poignée de secondes du but, le lanceur a explosé. Pas de chance, ce sont les explosifs chargés de disloquer la fusée en cas d'échec (pour éviter de bombarder une ville par inadvertance) qui se sont déclenchés !
4 : Un échec en vol de trop pour Virgin Orbit
D'autres échecs de fusée ont eu des conséquences importantes. Ce fut le cas tout au début de 2023, le 9 janvier. L'avion 747 de Virgin Orbit décolle pour la première fois du Royaume-Uni, et largue la fusée LauncherOne qui embarque plusieurs petits satellites. C'est un échec en vol cuisant, et un chant du cygne raté. L'avion porteur retourne aux États-Unis, mais les créanciers, eux, quittent le navire. En mars, Virgin Orbit n'a plus un sou et doit limoger ses équipes, l'entreprise est démantelée peu après. Le 747, lui, revole déjà, sous les couleurs de Stratolaunch…
3 : Quand l'antenne de son énorme satellite ne veut pas sortir…
D'ailleurs, ce n'est pas tout d'arriver en orbite. Encore faut-il que tout fonctionne comme prévu ! On a tremblé cette année lorsque la sonde JUICE (en route pour Jupiter) a eu du mal à déployer son bras magnétomètre… Mais le problème a rapidement été réglé. Pour l'un des plus grands satellites envoyés en orbite géostationnaires cette année, ViaSat-3 Americas, ce fut bien plus grave. Ce dernier n'a pas réussi à déployer son énorme antenne pliable de 30 mètres de diamètre, ce qui l'a rendu pratiquement inopérant (700 millions de dollars). Pire, l'entreprise Viasat a racheté au début d'année l'un de ses concurrents, Inmarsat, pour apprendre quelques semaines plus tard que le tout nouveau bijou en orbite, Inmarsat I-6 F2 avait un souci critique de puissance électrique.
2 : Des fuites, des fuites et encore des fuites
L'année avait commencé avec une équation difficile sur la Station Spatiale Internationale. En effet, en décembre 2022, la capsule Soyouz MS-22 avait subi une fuite de son radiateur principal. Causée, selon Roscosmos, par un impact de micro-météorite. Mais quelques semaines plus tard, c'est cette fois un cargo russe Progress, qui fait face au même type de fuite. Une sortie spatiale d'inspection ne révélera rien de particulier, mais la série n'était pas encore terminée ! Cet automne, ce fut au tour du module (permanent) Nauka de subir une nouvelle fuite de liquide refroidissant. Une série de hasards, problèmes de conception, ou les deux ?
1 : Minute, où sont nos réservoirs ?
La palme de l'erreur revient cette année au constructeur italien Avio, qui a la charge de la petite fusée européenne Vega (et de son évolution Vega C). Après un décollage réussi en octobre, l'entreprise devait s'atteler au dernier lancement de Vega prévu au printemps prochain. Problème, deux des quatre réservoirs de l'étage supérieur AVUM (qui ressemblent à de gros chauffe-eau) ont été… égarés. Un problème de traçabilité qui tourne au ridicule, puisqu'il semble que ces deux réservoirs ont été laissés dans une pièce qui a ensuite fait l'objet de travaux de réfection. Ils ont été retrouvés, contaminés et inutilisables, à la décharge. Plus ennuyeux encore, ce sont les derniers de la série, ils ne sont plus produits ! En attente d'une solution, le tir a été reporté à l'automne 2024.