Dans une démarche qui vise à regagner en autonomie et à réduire les coûts liés au fonctionnement de ses collectivités territoriales, une région française a décidé de remplacer les solutions des géants du numérique par des alternatives locales et open source.
En voilà une qui a pris le taureau par les cornes. Cette région du sud de la France, qui regroupe 13 départements et plus de 6 millions d'habitants, a décidé de se libérer de l'emprise des géants du numérique. Le but ? Reprendre le contrôle de ses données et de ses outils informatiques. La collectivité a fait un constat simple : les solutions proposées par les GAFAM coûtent de plus en plus cher et offrent de moins en moins de flexibilité. Les budgets se resserrent, mais les factures des géants du Web gonflent.
Il fallait agir. C'est donc l'Occitanie qui s'est lancée dans une véritable révolution numérique, en remplaçant progressivement les outils des GAFAM par des alternatives locales et open source.
Les GAFAM, ces géants du numérique sous le feu des critiques
GAFAM. Cinq lettres qui désignent les mastodontes du Web : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Ces entreprises américaines dominent le marché du numérique et sont devenues incontournables dans notre quotidien. Moteurs de recherche, réseaux sociaux, cloud computing, smartphones… Les GAFAM sont partout.
Mais leur toute-puissance inquiète. On leur reproche d'abuser de leur position dominante, d'étouffer la concurrence et de collecter massivement les données personnelles des utilisateurs. Aux États-Unis, plusieurs procédures judiciaires sont d'ailleurs en cours contre ces géants. L'idée d'un démantèlement des GAFAM fait même son chemin.
En Europe, l'Union européenne tente de réguler ces acteurs avec deux nouveaux textes : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA). L'objectif est de mieux encadrer les pratiques des GAFAM, notamment en matière de modération des contenus et de concurrence loyale. Des amendes salées sont prévues pour les contrevenants, pouvant aller jusqu'à 10 % de leur chiffre d'affaires mondial.
L'Occitanie dit adieu à Microsoft : une stratégie d'indépendance numérique
Partant de ce postulat, la région Occitanie a décidé de prendre les devants. La collectivité a entamé une stratégie de remplacement des solutions des grands éditeurs, à commencer par le collaboratif. Exit Microsoft 365, place à eXo Platform, une solution open source made in France.
La raison de ce changement ? Elle est d'abord économique. Lors du renouvellement du contrat avec Microsoft, la région a fait face à une hausse des coûts de 20 à 30 %. Une pilule difficile à avaler quand les budgets de fonctionnement se contractent. Mais ce n'est pas tout. L'Occitanie voulait aussi « revenir à un numérique plus souverain », selon Nelly Mallet, directrice adjointe services utilisateurs à la région.
La migration vers eXo Platform a permis de diviser la facture par quatre dès la première année. Un argument de poids. Mais au-delà des économies, ce changement offre à la région une plus grande liberté. « Avec Microsoft, nous avions l'impression de ne plus décider de notre avenir », poursuit Nelly Mallet. La collectivité peut désormais influencer la feuille de route de l'éditeur et obtenir des évolutions sur mesure.
Une démarche globale d'émancipation numérique
Cette stratégie de sortie des GAFAM ne s'arrête pas là. La région envisage déjà de remplacer sa messagerie Exchange, toujours de Microsoft, par des solutions comme BlueMind ou Zimbra. L'objectif est clair : réduire au strict nécessaire les licences les plus coûteuses et proposer des alternatives moins onéreuses à la majorité des agents.
Cette démarche, portée par un élu et le directeur général des services, vise à la fois l'autonomie numérique et les économies. Elle va de pair avec un important travail d'accompagnement des utilisateurs. Car si certains regrettent la disparition de Teams, la majorité des agents comprennent le sens de cette politique et « manifestent une certaine fierté de s'affranchir des GAFAM », selon Nelly Mallet.
L'Occitanie montre ainsi qu'il est possible de s'émanciper des géants du numérique tout en gagnant en flexibilité et en réalisant des économies. Un exemple qui pourrait faire des émules dans d'autres collectivités françaises.
Sources : Le Monde Informatique, Vie Publique