Deux figures emblématiques de l’innovation japonaise viennent de sceller une alliance hors du commun. Toyota et Interstellar Technologies s’associent pour industrialiser la fabrication de fusées et propulser le secteur spatial japonais vers de nouveaux sommets.

Comment un constructeur automobile mondialement connu peut-il aider une start-up du spatial à changer la donne ?  © Interstellar Technologies
Comment un constructeur automobile mondialement connu peut-il aider une start-up du spatial à changer la donne ? © Interstellar Technologies

Dans le monde de l’aérospatiale, l’idée d’une production en série de lanceurs orbitaux a longtemps semblé relever de la science-fiction. Pourtant, Interstellar Technologies, entreprise nippone spécialisée dans la conception de fusées légères, s’est récemment rapprochée de Toyota pour accélérer ce projet ambitieux.

Toyota, un constructeur automobile en mode « fusée »

L’investissement de Toyota dans Interstellar Technologies fait déjà grand bruit. Le constructeur japonais, connu pour sa production de masse et ses chaînes d’assemblage ultrarationalisées, apporte environ 7 milliards de yens (l’équivalent de plus de 40 millions d’euros) dans la start-up. L’objectif ? Fournir un formidable coup de pouce industriel pour que l’étoile montante du spatial nippon puisse passer au stade de la production en série.

On peut trouver ce rapprochement plutôt insolite : après tout, Toyota conçoit des millions de voitures, pas des fusées. Mais la firme nippone ne se contente plus d’innover sur Terre. Depuis quelque temps déjà, la société explore de nouvelles formes de mobilité, y compris au-delà de notre planète. En s’associant à Interstellar, Toyota voit l’opportunité de contribuer à l’expansion d’une industrie en pleine effervescence et d’apposer son savoir-faire en matière de fabrication à grande échelle.

Pour Interstellar Technologies, cette alliance marque un tournant capital. Au lieu de fabriquer des fusées artisanales, l’entreprise pourra s’inspirer des meilleures techniques de l’industrie automobile pour optimiser ses temps de production et renforcer la fiabilité de ses lanceurs. Le parallèle avec l’approche d’un géant du spatial américain, qui produit ses fusées comme s’il s’agissait de simples plateformes logicielles, n’est pas anodin.

Le plus gros lanceur d'Interstellar Technologies, DECA. © Interstellar Technologies
Le plus gros lanceur d'Interstellar Technologies, DECA. © Interstellar Technologies

Au-delà de l’aspect purement industriel, le partenariat Toyota-Interstellar contribue à la recherche de nouvelles solutions de communication et de transport spatial. Toyota souhaiterait notamment développer un réseau de télécommunications global qui répondrait aux besoins de sa smart city expérimentale, conçue pour tester toutes sortes d’innovations. L’enjeu est de taille : des véhicules autonomes, équipés de technologies connectées, ont besoin d’une couverture réseau infaillible, y compris dans des zones reculées ou difficiles d’accès.

Interstellar, de son côté, se spécialise dans le lancement de petites charges utiles, notamment des satellites de télécommunications. Grâce aux méthodes de production plus rapides et moins coûteuses qu’offre la collaboration avec Toyota, la jeune pousse japonaise espère multiplier les lancements et devenir un acteur clé sur le marché très concurrentiel du lancement de satellites. L’idée : proposer des fusées plus abordables, avec un rythme d’opérations beaucoup plus soutenu, et ainsi favoriser l’essor de constellations satellites destinées à la connectivité Internet ou à l’observation de la Terre.

Vers une production en série de fusées

Selon les derniers plans annoncés, Interstellar envisage de construire un véritable écosystème de services spatiaux. L’entreprise prévoit non seulement de concevoir et d’assembler rapidement ses fusées, mais aussi de développer en interne certaines technologies de télécommunications par satellite. Cette approche « verticale », allant de la fusée au réseau spatial, rappelle celle d’autres acteurs majeurs qui intègrent lancement, fabrication et usage de leurs propres satellites pour réduire les coûts et gagner en indépendance technologique.

Pour atteindre cet objectif, le rôle de Toyota sera crucial. Le géant japonais n’a plus rien à prouver en matière d’optimisation de production : robotique avancée, gestion rigoureuse des stocks et assemblages à flux tendus sont autant de techniques maison dont Interstellar pourra s’inspirer. Et si, dans un avenir proche, nous allions voir des fusées sortir d’une chaîne de montage presque comme des voitures ? L’idée peut sembler audacieuse, mais le défi séduit déjà les ingénieurs de la filière spatiale.

En définitive, la collaboration entre Interstellar Technologies et Toyota pourrait inaugurer une nouvelle ère pour l’industrie aérospatiale japonaise. Grâce à un mariage atypique entre le géant de l’automobile et la jeune start-up, la production en série de fusées semble à portée de main. À l’heure où les besoins de lancements de satellites explosent, et où la compétition fait rage au niveau mondial, ce partenariat a toutes les chances de devenir un levier d’innovation majeur et de placer le Japon en belle position dans la conquête de l’espace.

Source : Tech Crunch