banque en ligne

Dans son avis après une auto-saisine, rendu en fin de semaine, l'Autorité de la concurrence fait part de son inquiétude quant à l'impact des grandes entreprises numériques, comme Amazon, Google ou Apple, sur le marché du paiement.

L'Autorité de la concurrence s'était saisie d'office, le 13 janvier 2020, pour livrer son avis sur la situation concurrentielle dans le secteur des nouvelles technologies, et plus particulièrement des nombreuses solutions de paiement, en ligne et ailleurs, aujourd'hui proposées au public.

Des solutions et des acteurs émergents qui bouleversent le marché du paiement

À côté des banques traditionnelles, l'Autorité de la concurrence n'a pas eu de mal à identifier deux grandes catégories d'acteurs en puissance arrivés dans le secteur des paiements : les FinTech et les BigTech. Selon elle, ces firmes profitent de leur communauté et de leur assise auprès des utilisateurs pour générer de conséquents bénéfices. Le tout sans être soumis aux contraintes réglementaires plus lourdes qui pèsent sur les acteurs bancaires traditionnels.

Les FinTech ne sont pas que des entreprises géantes comme Ant Group, filiale du mastodonte chinois Alibaba qui fait régulièrement l'actualité ces derniers mois. Ce sont aussi de petites start-up, parfois confidentielles, dont certaines vont acquérir une notoriété continentale, voire mondiale, comme c'est le cas de N26, la banque en ligne allemande. D'autres acteurs, comme Orange et Carrefour, issus d'autres secteurs d'activité, prouvent leur ambition, puisqu'ils disposent déjà d'une base de clientèle constituée.

À côté, on retrouve les BigTech, qui regroupent les grands noms du numérique. On peut ainsi citer Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et élargir aux BATX Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, très ancrés en Asie mais qui développent leurs activités en Europe et en Amérique du Nord.

N'oublions pas non plus qu'outre le paiement sans contact par carte bancaire, par smartphone ou montre connectée, des méthodes alternatives de paiement se sont développées. Nous pensons évidemment aux crypto-actifs que sont le Bitcoin ou les stable coins qui, eux, représentent la deuxième génération de crypto-actifs.

Les BigTech ont plusieurs coups d'avance

Mais ce sont plus particulièrement les grandes entreprises numériques, GAFAM et BATX, qui inquiètent l'Autorité de la concurrence. Pendant que les acteurs bancaires traditionnels usent de nombreuses stratégies pour ne pas être bottés hors du marché (comme des prises de participation, des acquisitions etc.), les grandes plateformes BigTech, elles, disposent de plusieurs avantages et coups d'avance.

L'Autorité de la concurrence prend les exemples d'Apple Pay, Amazon Pay et Google Pay, des services aux noms significatifs. À leur sujet, l'autorité fait le constat qu'ils « contrôlent des écosystèmes s'appuyant sur de vastes communautés d'utilisateurs, ont accès à de vastes ensembles de données et ont la capacité technique de les mettre à profit. » Et l'institution de rajouter qu'« en outre, en s’appuyant, pour la réalisation du paiement, sur les acteurs bancaires traditionnels et les groupements de cartes bancaires, les grandes plateformes ont la capacité de retirer des bénéfices significatifs, sans être pour autant soumises aux contraintes réglementaires qui pèsent sur les acteurs bancaires. »

Pour l'Autorité, les FinTech ne devraient pas vraiment devenir totalement dépendantes du système bancaire. En revanche, elle semble convaincue que les BigTech peuvent jouer « un rôle déterminant dans la chaîne de services » du paiement, bien que ces entreprises ne disposent pas de l'expérience des banques dans le secteur.

Aujourd'hui, les géants du numérique ont acquis les technologies et infrastructures nécessaires au développement de leurs solutions. « Leur présence dans le secteur des paiements pourrait ainsi être renforcée, notamment via la conclusion de nouveaux partenariats avec les acteurs bancaires » note l'Autorité de la concurrence. Cette dernière relaie le risque de pratiques anticoncurrentielles, au regard de l'ampleur prise par les plateformes et de l'engrenage dans lequel sont pris les consommateurs, piégés dans un écosystème qui pourrait conduire à la mise à l'écart et à la marginalisation, à terme, des acteurs bancaires traditionnels.