Live Japon : le milliardaire qui veut racheter le monde est japonais

Karyn Poupée
Publié le 06 juillet 2013 à 18h38
« Je veux que ma société grossisse pendant plus de 300 ans » pour devenir « la plus importante du monde sur tous les plans », et tous secteurs confondus. De qui ces paroles grandiloquentes ? Du milliardaire japonais Masoyoshi Son, le PDG de SoftBank, qui achète des sociétés à tour de bras et ne se contente pas de chasser dans son archipel natal. Désormais il s'attaque au gros morceau, les Etats-Unis, plus court chemin pour atteindre ses ambitions incommensurables.

Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, SoftBank ne faisait que distribuer des modems ADSL « Yahoo ! BB » gratuitement dans les rues de Tokyo, avant de proposer des téléphones portables à des clients qui désormais n'y comprennent d'ailleurs plus rien: ils achètent Willcom... mais se retrouvent avec un mobile SoftBank ! Et bientôt ce sera la même chose ou presque pour les clients américains qui choisiront Sprint.


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Ce vendredi 5 juillet après-midi (samedi matin heure de Tokyo), l'autorité américaine de régulation du secteur des télécommunications (FCC) a donné son feu vert pour le rachat par SoftBank du troisième opérateur des Etats-Unis, Sprint Nextel.

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SoftBank prévoit d'effectuer la transaction dans les tout prochains jours. Il s'agit pour lui de verser 21,6 milliards de dollars pour s'emparer de 78% de Sprint et le recapitaliser. « La Commission fédérale des communications (FCC) a annoncé avoir voté à l'unanimité l'approbation des requêtes déposées par notre société et Sprint relatives à notre investissement dans Sprint. La validation de cette opération par la FCC complète le processus d'examen réglementaire requis pour conclure la transaction. Nous prévoyons d'effectuer cette transaction dans la première partie de juillet 2013 », a déclaré SoftBank dans un bref communiqué diffusé à Tokyo.

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La FCC a parallèlement donné son accord au rachat par Sprint des quelque 50% qu'il ne détient pas encore dans le fournisseur d'accès à internet américain Clearwire, très endetté mais détenteur de fréquences stratégiques vu la demande accrue provoquée par l'essor des appareils mobiles connectés.

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SoftBank a promis de renflouer Sprint pour lui faciliter le déploiement d'un réseau cellulaire plus performant, à la norme dite LTE proche de la quatrième génération, et lui permettre de diminuer ses coûts de fonctionnement grâce à des méthodes déjà très éprouvées au Japon. Avec Sprint, SoftBank va devenir l'un des plus gros clients des équipementiers et fournisseurs de terminaux mobiles, ce qui va lui donner une puissance renforcée pour négocier les meilleurs tarifs et en faire profiter les clients afin d'en recruter davantage.

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Ce rachat fait faire un nouveau pas de géant à SoftBank qui, n'hésitant pas à s'endetter ni à avancer les échéances de remboursement, va ainsi entrer dans le Top-5 des opérateurs mobiles du monde, tout en continuant de viser la première place.

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Ce groupe, créé en 1981 par le Japonais d'origine coréenne Masayoshi Son, avait déjà grossi de façon spectaculaire en avalant en 2006 les activités mobiles du britannique Vodafone au Japon. Elles étaient alors mal en point mais il les a magistralement redressées depuis et aspire sans cesse des clients chez ses concurrents locaux KDDI et NTT Docomo obligés de lutter contre ses offensives permanentes.

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Ce n'est pas tout: SoftBank avait aussi mis la main ces dernières semaines sur eMobile, un petit opérateur japonais pour s'emparer de son réseau et bénéficier ainsi de fréquences supplémentaires au Japon.

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Et comme si cela ne suffisait pas, il a fini cette semaine d'absorber un autre acteur du secteur au Japon, le petit opérateur de services cellulaires à la norme PHS , Willcom, tombé en faillite en 2010, mais repêché par SoftBank sous le contrôle d'un tribunal. Willcom est sorti lundi dernier (1 juillet) de la surveillance des juges pour devenir une filiale à part entière de son sauveur SoftBank.

« Willcom n'est plus sous contrôle judiciaire et est de ce fait devenu ce jour une de nos sociétés consolidées », a expliqué SoftBank dans un communiqué. Willcom, tout petit acteur du secteur des mobiles au Japon avec seulement 4,2 millions d'abonnés à l'époque (moins de 4% de parts de marché), avait déposé son bilan en février 2010 et imploré l'aide de sociétés extérieures et d'un organisme semi-public, l'Etic, pour poursuivre ses activités et se remettre sur pied. SoftBank, associé au fonds d'investissement Advantage Partners, s'était d'emblée porté volontaire.

Fort de son expérience, SoftBank s'est attaché à aider Willcom à faire des économies sur ses frais de fonctionnement et à attirer de nouveaux clients grâce à des prestations techniques  et services divers améliorés. Il comptait fin mai dernier plus de 5 millions d'abonnés

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« Avec l'augmentation du nombre d'abonnés, le bénéfice d'exploitation trimestriel de Willcom est devenu positif au deuxième trimestre de l'exercice 2011, et se maintient sur cette tendance », a expliqué SoftBank. « Comme les résultats de l'entreprise s'améliorent de façon constante, Willcom a effectué un remboursement de 27,1 milliards de yens (210 millions d'euros) sur les sommes dues à cause de sa faillite et a déposé une requête auprès de la Cour de district de Tokyo pour la cessation de la procédure de redressement judiciaire, ce qui a été validé lundi par un tribunal de Tokyo », a-t-il poursuivi.

Le groupe SoftBank est ainsi propriétaire au Japon de trois filiales distinctes de services de télécommunications cellulaires: SoftBank Mobile, eMobile (racheté en janvier) et Willcom. En nombre total d'abonnés il fait à peu près jeu égal avec KDDI (plus de 40 millions de clients), derrière le numéro un NTT Docomo (plus de 60 millions, mais en stagnation).

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Tout cela permet à SoftBank, également propriétaires de plusieurs sociétés de contenus (dont le portail yahoo !Japon) de coupler les différents services pour proposer des prestations uniques. Par exemple, les possesseurs de smartphones proposés par Willcom possèdent deux numéros distincts sur le même appareil, l'un chez Willcom, l'autre chez SoftBank, et peuvent ainsi utiliser les deux réseaux en fonction des disponibilités de chacun, comme l'explique J.P. Nishi dans son manga.

Tout ce succès finirait presque par monter à la tête du patron Masayoshi Son. Ces derniers temps, ses conférences de presse virent presque en messes, avec un homme qui tient parfois des propos faisant penser à ceux de gourou de secte. Lui veut faire le bonheur de l'humanité avec les technologies de télécommunications.

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Dans les 30 années à venir, il ambitionne de faire entrer SoftBank parmi le Top-10 des plus grandes entreprises mondiales (en termes de capitalisation boursière), tous secteurs confondus. Et au-delà, comme écrit plus haut, c'est carrément la première place tout court et « sur tous les plans » qu'il vise, mais sans échéance fixée.

Près de 3 000 petits porteurs conquis (et plus de 1 000 curieux) étaient présents récemment dans un centre de conférence au coeur de Tokyo pour assister à l'assemblée générale des actionnaires du groupe, exceptionnellement ouverte à 1 000 non détenteurs de titres (à la demande d'un internaute). Ce fut une occasion de plus d'auto-satisfecit pour M. Son, d'autant que l'événement était aussi retransmis sur internet.

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A noter que parmi les huit membres du conseil d'administration élus ou réélus ce jour-là, figure notamment Tadashi Yanai, le PDG et fondateur du groupe Fast Retailing et de la marque de vêtements Uniqlo, qui est aussi un ami de M. Son et accessoirement l'homme le plus riche du Japon avec 15,5 milliards de dollars, devant M. Son (numéro 3 avec 9,1 milliards), selon le classement établi par Forbes
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