Le troisième trimestre n'était déjà pas bon. HP, encore numéro un mondial du PC, avait accusé une perte nette de près de 9 milliards de dollars. La société, en pleine restructuration, va supprimer 8% de ses effectifs, soit quelque 29 000 postes. Mercredi, la situation s'est dégradée d'un cran, sur le volet boursier cette fois : Meg Whitman, p-dg de la société, a déclaré qu'elle s'attendait à enregistrer sur l'exercice fiscal 2013 un bénéfice par action situé entre 3,40 et 3,60 dollars.
Avec cette prévision, « HP a lâché une bombe », a commenté un analyste de Topeka Capital Market auprès de l'AFP. En effet, elle se situe nettement sous les 4,05 dollars prévus initialement par la société, et encore plus loin des 4,18 dollars par action envisagés par le consensus d'analystes. Un sombre présage donc, qui s'est immédiatement traduit par un effondrement du cours de Bourse de HP, qui a perdu 12,96% pour terminer la séance à New York à 14,91 dollars. Soit le plus bas niveau depuis le 11 novembre... 2002, quand le titre avait pointé à 14,85 dollars par action.
Une stratégie pas claire dans un marché PC mal en point
Dans son sillage, HP a entraîné Dell dans sa chute, qui a perdu 4,75% à 9,43 dollars. Le leader des PC, avec 15,5% de parts de marché, a en effet envoyé un signal fort sur les perspectives de croissance du secteur d'ici la fin de l'année. IDC prévoit que les ventes seront atones, progressant de seulement 0,9% sur l'ensemble de 2012. Depuis le départ du p-dg Mark Hurd en 2010, la stratégie de HP chancelle. Son successeur, Leo Apotheker, avait par exemple suggéré d'abandonner la branche en charge de l'activité PC, baptisée « Personal Systems Group ».
Sur le segment des tablettes et des smartphones, secteur très en forme, le constructeur avait tenté une entrée en rachetant Palm en 2010 pour 1,2 milliards d'euros. Le groupe abandonnera tout un an plus tard. Malgré cela HP a continué à développer son OS mobile, WebOS, devenu open source, et isolé dans une spin-off baptisée Gram, en août 2012. Trois jours plus tard, la presse apprenait que le groupe recrutait un ancien de MeeGo pour chapeauter une nouvelle division mobilité. Son objectif ? « Produire des terminaux à destination du grand public et des petites entreprises. » Machine arrière.
Ainsi, Meg Whitman a décrit l'exercice 2012/2013 comme une année pour « réparer et reconstruire », sans oublier le contexte « économique qui se dégrade ». La restructuration, a-t-elle assuré, sera terminée d'ici octobre 2014, estimant que « le chiffre d'affaires devrait recommencer à progresser plus vite que les coûts l'année suivante, puis évoluer d'ici 2016 en ligne avec la croissance économique, avec un bénéfice d'exploitation augmentant plus vite que le chiffre d'affaires ». Une perspective lointaine qui n'a pas rassuré les investisseurs. Les résultats du quatrième trimestre fiscal seront connus le 20 novembre prochain.