Test Huawei FreeBuds Pro 3 : plus de qualités, mais un choix sonore étrange

Fer de lance des produits audio Huawei, la gamme d'écouteurs sans fil FreeBuds Pro n'égale peut-être pas encore les ténors du genre, AirPods Pro et Sony WF-1000X en tête, mais affiche des avantages bien à elle. Successeurs des récents FreeBuds Pro 2, ces nouveaux FreeBuds 3 Pro se présentent comme une évolution qui ne bouscule pas ce qui existe déjà, mais se présente à un prix plus faible que les autres haut de gamme (200 euros).

Avec leur forme proche de celle des FreeBuds Pro 2, mais légèrement retravaillée, leur réduction de bruit active plus efficace et leur architecture sonore deux voies très ambitieuse, ces FreeBuds 3 Pro ont tout pour devenir des true wireless haut de gamme de premier plan. Ils ne sont pas marqués par une hausse tarifaire, ce qui est un avantage sur le marché actuel.

L'évolution de poche

Un œil peu entraîné ne percevra sans doute pas de différences entre les FreeBuds 3 Pro et les écouteurs précédents. Les changements sont effectivement très légers, mais bien présents.

Ces true wireless se présentent sous un format similaire à celui des AirPods Pro, c'est-à-dire avec une tige et un port semi-intra (canule très courte et embouts peu pénétrants). L'ensemble est entièrement en plastique (très rutilant sur notre version), la tige haptique est rectangulaire, et le corps acoustique, légèrement elliptique.

On reconnaît largement les différences par rapport aux écouteurs d'Apple, à commencer par la disposition légèrement décalée des embouts. Un détail de cette version 3 les rapproche toutefois du modèle d'Apple, puisque la tige des deux écouteurs est à présent marquée par un renfoncement, qui couvre l'intégralité de la zone tactile et cliquable.

De même qu'avec les FreeBuds 2 Pro, les reproches sont assez peu nombreux sur la forme. La construction n'a rien de premium, mais est suffisamment sérieuse, et la certification IP54 (poussières et projections d'eau) est légèrement au-dessus de la moyenne.

Les différences sont un peu plus prononcées (mais toujours légères), avec le boîtier qui permet toujours de recharger en induction. Au-delà de ça, la nouvelle version est légèrement moins longue, et sa charnière plus robuste.

D'autres petits changements sont appliqués çà et là, comme la présence d'un « verre antifriction » ainsi qu'une orientation en biais de l'ouverture. Ce dernier point n'est pas anodin, puisqu'il permet de placer les écouteurs plus haut par rapport à leur base. De cette manière, ils sont sensiblement plus simples à sortir que leurs aînés.

On peut également remarquer la présence de trois trous à la base du boîtier, ce qui ressemble à l'aération d'un haut-parleur dédié, comme ce que l'on retrouve sur le boîtier des derniers AirPods Pro. Ce point est un peu mystérieux, puisque Huawei ne fait pas état d'une telle fonction.

Concernant le confort, Huawei propose strictement la même chose qu'avec ses précédents écouteurs. Le port est très confortable, même sur de longues sessions, mais le corps principal du produit (en forme de sphère) reste plus volumineux que sur les anciens OPPO Enco X2 ou que sur les AirPods Pro 2. La présence de 4 tailles d'embouts permet tout de même de couvrir à peu près toutes les tailles de conduit auditif.

Une ergonomie au top

Il n'y a que peu de choses à dire sur le chapitre ergonomique des écouteurs, tant l'expérience est bien rosée. Les commandes consistent en un mélange entre pincements de la tige et balayage vertical (réglage du volume).

La gestion des commandes est symétrique, ce qui autorise une navigation complète avec un seul écouteur : 1 pincement pour la lecture/pause ; 2 pincements pour la piste suivante ; 3 pincements pour le retour en début de piste/piste précédente ; 1 pincement prolongé pour le basculement entre les différents modes d'ANC. Cela est complété par un capteur de port, qui peut être désactivé et qui met en pause la musique une fois l'un des écouteurs retiré.

L'application made in Huawei, AI Life, vient enrichir l'expérience avec quelques fonctions et réglages. Bien plus stable qu'à une époque, elle permet une personnalisation (très limitée) des commandes, un test des embouts, et est dotée d'un égaliseur graphique 10 bandes.

Si AI Life n'affiche pas le foisonnement de réglages de Sony Headphones Connect ou de Jabra Sound+, les options les plus importantes sont bien présentes, et l'interface est particulièrement claire. En revanche, du fait des sanctions qui pèsent sur Huawei, AI Life n'est toujours pas disponible sur le Play Store d'Android. Il faut soit passer par une autre boutique d'applications, type APKPure, ou installer le fichier .APK directement. AI Life est également disponible sur iOS.

Moderne, mais sans évolution

Les précédents FreeBuds Pro étaient déjà propulsés par une architecture Bluetooth moderne. Ici, les choses sont dans la continuité, avec une puce Bluetooth 5.2.

Les écouteurs sont compatibles multipoint et prennent en charge, outre le SBC et l'AAC, les codec LDAC et L2HC version 2.0. Ce dernier n'est guère utilisé que sur quelques appareils Huawei récents. Les Huawei FreeBuds Pro 3 conservent le multipoint sous codec LDAC, ce qui n'est pas si courant.

À l'inverse, aucun mot sur une éventuelle compatibilité LE Audio dans le futur, et il faudra faire une croix sur l'appairage rapide Google Fast Pair. Sans surprise, la stabilité de connexion est excellente. Les quelques rares coupures observées le sont sous codec LDAC en 990 kbps.

Réduction de bruit : de l'excellence et quelques limites

Les FreeBuds Pro 2 disposent d'une réduction de bruit active très efficace dans les basses fréquences, mais qui décroît en s'approchant de 1 kHz. Le croisement entre les médiums et les aigus constitue ainsi un point faible marquant.

Avec les FreeBuds Pro 3, le constructeur promet un ANC amélioré de 50 %, terme qui évidemment ne veut pas dire grand-chose. Quoi qu'il en soit, Huawei s'améliore effectivement, mais en appuyant encore ses points forts. Ainsi, les quelques problèmes déjà rencontrés, comme les haut-médiums, ne sont pas mieux isolés qu'auparavant.

En pratique, les FreeBuds Pro 3 sont extraordinaires pour atténuer les basses et les bas-médiums. Dans ce secteur, nous sommes largement au niveau des meilleurs, AirPods Pro 2 et Sony WF-1000XM5 compris, puisque les écouteurs dépassent les 30 décibels sur la plupart des fréquences, et tutoient même les 40 décibels dans quelques rares pics. Aucun son ronronnant ne parvient vraiment à exister une fois passé dans la moulinette de l'ANC. De plus, les FreeBuds parviennent à être un peu plus efficaces que la version précédente sur une bonne partie des médiums.

Pour le reste, l'atténuation des sons sifflants, des harmoniques de la voix, ou encore des différents types de souffle mériterait un meilleur travail. Huawei n'a pas encore le niveau de maîtrise d'Apple face aux haut-médiums. Mais le plus étonnant vient de la performance dans les aigus, puisque si le rendu est correct, les FreeBuds Pro 3 sont plus isolants dans cette gamme de fréquences sans ANC.

Sans être mauvais, ils font partie des rares écouteurs à être moins isolants dans les aigus que dans les basses. De fait, l'excellent travail sur ces derniers est partiellement gâché, puisque l'oreille a tendance à ne retenir que la pire isolation. On remarque donc des progrès, mais toujours pas la perfection.

De son côté, le mode Perception (retour sonore) est correct, sans plus. Les FreeBuds Pro 3 ont tendance à accentuer la réponse dans les haut-médiums (réglage par défaut), sans pouvoir rattraper la baisse dans les aigus. Ce mode est utilisable, mais il n'offre pas de représentation naturelle de l'environnement sonore.

Huawei place également bien des espoirs dans le kit mains-libres, là aussi annoncé comme nettement amélioré : « 2,5 fois meilleur ». L'ensemble du dispositif de captation comprend 4 microphones par côté, un transducteur à conduction osseuse pour l'isolation de la voix, l'algorithme maison Pure Voice 2.0 et un traitement antivent, prévu pour résister à des rafales à 9 m/s (environ 32 km/h).

En milieu calme, la captation est tout à fait bonne, puisqu'elle est assez naturelle, sans effet robotique ou effet de masque. On peut tout de même reprocher une certaine sensibilité aux sons sifflants, légèrement exacerbés une fois retransmis.

En milieu bruyant, les petits nouveaux poursuivent sur la lancée des précédents écouteurs. Les FreeBuds Pro 3 ne sont ici pas exceptionnels, mais parviennent à être fonctionnels dans à peu près toutes les circonstances. Si la voix devient assez caverneuse, les bruits extérieurs sont nettement atténués, et la captation reste intelligible. Nous avons vu bien pire dans du haut de gamme cette année, à commencer par les Sony WF-1000XM5.

Autonomie : le prix à payer

De par son architecture atypique et ambitieuse (entre autres), la série FreeBuds Pro nécessite une consommation plus élevée que la moyenne de ses concurrents. Conséquence, nous sommes extrêmement loin de l'endurance des meilleurs, Sony WF-1000XM5 en tête.

L'autonomie est annoncée à 4 h 30 avec ANC (codec AAC) et à 6 h 30 sans ANC. Pour rappel, les précédents FreeBuds Pro 2 tablaient respectivement sur 4 heures et 6 h 30.

En pratique, nous sommes parvenus à 4 h 49 avec ANC, ce qui est un peu mieux qu'espéré. Sans ANC, l'autonomie passe à 6 h 40. Enfin, avec le codec LDAC poussé à 990 kbps et l'ANC, les écouteurs abandonnent après 3 h 50, ce qui est là encore un progrès par rapport à la précédente version.

Si cette performance en ANC reste un peu décevante pour des écouteurs de 2023, le boîtier de charge, capable d'ajouter environ 4 cycles, replace l'ensemble à un niveau bien plus satisfaisant.

Son : excès de zèle

Fidèle à ses principes, le constructeur applique une fois encore son architecture audio favorite : double voie hybride. Les basses fréquences et médiums sont ainsi confiés à un haut-parleur dynamique classique de 10 millimètres avec un aimant de type « quad magnet ». Les aigus sont quant à eux reproduits par un haut-parleur planaire UHF avec des aimants placés en réseau de Halbach (l'une des dispositions possibles).

Nous avions aimé la reproduction sonore des FreeBuds Pro 2 qui, malgré des accentuations un peu trop franches dans les extrêmes, affichaient un bon niveau technique et une excellente énergie. Réglés par le Français Devialet, ces écouteurs ne proposaient pas le même équilibre ni la même polyvalence des AirPods Pro 2, mais se classaient parmi les très bons élèves.

Ici, nous sommes nettement plus mitigés. En effet, en voulant être encore plus spectaculaires que leurs aînés, les FreeBuds Pro 3 sont tombés dans le piège facile d'une représentation trop démonstrative. Dites adieu à la finesse… et à certains styles musicaux.

Sur le plan des extrêmes, basses comme très hautes fréquences, nous retrouvons bien le goût emphatique du constructeur. Rien d'incroyable ni de bloquant, nous avons simplement affaire à une reproduction très puissante dans les basses, et un peu trop brillante suivant les styles. Passés les 10 kHz, l'accentuation des FreeBuds Pro 2 se retrouve ici, ce qui donne énormément de détails, mais sonne de façon artificielle.

Mais si leurs aînés restaient à peu près sages sur le reste des fréquences, avec un bel équilibre général, les Huawei FreeBuds Pro 3 croient utile de pousser nettement le registre aigu, notamment sur les bandes « tranchantes » (2 à 6 kHz). L'énergie est bien là, les détails aussi, mais tout paraît gonflé, particulièrement à haut volume.

Sur des styles calmes et pas trop chargés, cela ne pose aucun problème. Les écouteurs affichent une scène sonore particulièrement large et profonde, une excellente séparation des instruments et un fourmillement de détails. Mais dès que nous nous tournons vers des styles rapides et un peu plus rentre-dedans, les FreeBuds Pro 3 deviennent tout simplement agressifs et fatigants. Beaucoup trop démonstratifs, ils exacerbent la plupart des instruments, tout en devenant peu naturels sur les voix aiguës. L'ensemble ne perd pas en détails ou en séparation, mais n'est tout simplement pas agréable (ni même correct) sur les styles rock/métal, et la musique électronique en général.

C'est d'autant plus étrange que la qualité technique du produit est en légère progression par rapport aux précédents écouteurs. Une technologie aussi efficace que le genre orthodynamique (planaire) mériterait donc bien plus de soin.

Huawei a fait un choix étrange, d'autant plus que cette signature sonore n'est plus la même si la réduction de bruit active est désactivée. Dans ce mode, les excès dans les aigus disparaissent presque totalement (exceptée l'habituelle montagne, passés les 10 kHz), puisque le reste des fréquences est remis à niveau. Le rendu sonore est bien plus équilibré, ce qui ramène enfin l'ensemble à un niveau d'excellence. En jouant un peu avec l'égalisation, il est possible de ramener les écouteurs à un peu plus de pragmatisme.

Clairement, Huawei aurait gagné à privilégier cette signature pour les trois modes. En l'état, tout en étant plus techniques que les FreeBuds Pro 2, les FreeBuds Pro 3 font un pas en arrière. De la subtilité s'est perdue entre deux générations.

Huawei FreeBuds Pro 3 : l'avis de Clubic