Test du Razer Blade 14 (2024) : un excellent ultraportable gamer qui ne prend pas de risques

Testé par nos soins il y a deux ans, le Razer Blade 14 revient en ce début d’année 2024 sous une forme inchangée, mais avec une nouvelle motorisation. À l’intérieur du petit ultraportable gamer de la marque aux trois serpents, un processeur AMD Ryzen de 8e génération et une carte graphique NVIDIA GeForce RTX 4000. Voyons si cette évolution lui redonne suffisamment d’élan face à une concurrence qui s’est entre temps nettement renforcée… et beaucoup améliorée.

Renouvelé à l’occasion du CES 2024, le Blade Razer 14 ne profite pas des nouveautés déployées ces deux dernières années sur ses grands frères de 16 et 18 pouces, notamment en matière de châssis ou d’affichage. Le PC portable est donc resté tel que nous l’avions testé en 2022, avec un design inchangé et un écran IPS n’ayant pas non plus été remplacé.

L’excellent niveau d’équipement dont il pouvait se vanter il y a deux ans face à ses concurrents, n’est donc plus tout à fait ce qu’il était… et ce, alors qu’au moins deux de ses rivaux proposent des écrans OLED et des châssis plus modernes. On pense notamment au très bon ASUS ROG Zephyrus G14 2024 (repensé de fond en comble) et au futur HP Omen Transcend 14 (entièrement nouveau au catalogue de HP).

Faut-il dans ces conditions considérer l’achat d’un Blade 14 en 2024 ? C’est ce que nous allons tenter de déterminer dans ce test, mais avant toute chose, voici la fiche technique du modèle que Razer France nous a fait parvenir en prêt :

Disponible en France depuis quelques semaines déjà, le nouveau Blade 14 est affiché à partir de 2 500 euros en version Ryzen 9, 16 Go, RTX 4060. Notre configuration de prêt, la plus haut de gamme, est pour sa part vendue 3 000 euros sur le site officiel de Razer. L’appareil est donc nettement plus coûteux que son principal concurrent chez ASUS. Le nouveau ROG Zephyrus G14 débute en effet à 2 000 euros, tandis que sa configuration Ryzen 9 / RTX 4070 se négocie cette fois à 2 700 euros.

Design : le même, avec les mêmes qualités… et pourtant indécrottable

Avec 310,7 x 228 x 17,99 mm pour 1,84 kg, le Blade 14 2024 est un tout petit peu plus encombrant, épais et lourd que le modèle 2022 que nous avions testé il y a deux ans. Une différence de quelques grammes et de quelques millimètres, qui ne joue pas tellement en défaveur de cette nouvelle mouture.

En termes de préhension, l’engin reste très compact et relativement léger, même s’il s’avère tout de même nettement plus trapu qu’un Alienware X14 ou que le nouveau ROG Zephyrus G14 évoqué plus haut. Cet encombrement (légèrement) plus important n’a toutefois pas que des inconvénients. Il permet notamment l’intégration d’une carte graphique dotée d’une enveloppe thermique plus importante que chez son rival signé ASUS. Nous en parlerons plus en détail un peu plus bas.

Quoi qu’il en soit, Razer nous confronte une nouvelle fois à un châssis en aluminium usiné CNC, décliné en noir ou en gris métallisé. Particulièrement sobre, dépouillé de toute fioriture (à l’exception d’un logo Razer rétroéclairé et centré sur le capot), le nouveau Blade 14 ne change rien au design que nous lui connaissions déjà. On profite donc une nouvelle fois d’un produit élégant, à l’assemblage minutieux et aux finitions maniaques… qui a par contre toujours pour inconvénient d’être très sensible aux traces de doigts.

Côté clavier, on retrouve la même chose qu’en 2022, avec des touches « chiclet » bien séparées les unes des autres, mais un peu petites, assez bruyantes, et n’offrant pas une profondeur de course suffisante pour offrir un confort optimal en jeu. En bureautique, ce clavier reste toutefois plaisant, du moins une fois qu’on s’est habitués à sa relative étroitesse.

On en veut en revanche à Razer de ne toujours pas prendre en compte une critique constructive, formulée par bien des utilisateurs, concernant le rétroéclairage de son clavier. Les touches du Blade 14 ne sont donc toujours pas intégralement éclairées. Comprenez que seuls certains caractères sont visibles quand on travaille de nuit. Une horreur, surtout si vous avez besoin de taper des chiffres, ou des éléments de ponctuation.

Le trackpad logé sous ce clavier a pour sa part l’avantage d’être grand. Cette surface de glisse XXL est agréable et l’on profite en prime d’une bonne précision. Seuls les clics appuyés (un peu durs) sont frustrants, mais globalement, le Blade 14 est plutôt bon élève en la matière. Cela dit, les trackpads haptiques d’Apple sont très clairement au-dessus de la mêlée. Sur ce plan, le MacBook Pro 14, par exemple, reste donc imbattable.

Le Blade 14 se rattrape avec un volet connectiques bien achalandé. On retrouve en effet deux ports USB-A 3.2 Gen 2, deux ports USB4 Type C, une sortie HDMI 2.1 et une prise Jack 3,5 mm. Tout ce qu’il faut pour être heureux, d’autant que ces connectiques sont bien réparties de part et d’autre du châssis. On apprécie en parallèle la présence d’une webcam 1080p de qualité, logée au-dessus de l’écran, et compatible avec l’identification faciale par Windows Hello. Heureusement, car le Blade 14 n’a aucun lecteur d’empreintes à son service.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Évoquons enfin la partie audio de l’appareil. Ce dernier embarque deux haut-parleurs installés de chaque côté du clavier. Le meilleur endroit sur un PC portable, selon nous, puisque ces derniers sont braqués vers l’utilisateur et pas contre le bureau. Cela dit, le Blade 14 ne fait pas de miracles. Le son dispensé est de qualité, mais l’expérience audio globale n’est pas aussi bonne que celle proposée par les nombreux haut-parleurs du dernier G14, ou par ceux du MacBook Pro 14.

Sans transition, l’accès aux composants se fait en retirant la plaque inférieure du châssis, fixée à l’aide de petites vis torx. Sur ce terrain, Razer nous permet de remplacer facilement la mémoire vive (deux barrettes de DDR5 au format SO-DIMM), le SSD (barrette M2 2280) et la batterie. C’est mieux que sur les deux modèles concurrents cités plus haut. La mémoire vive du nouveau Zephyrus G14 étant par exemple soudée à la carte mère.

Écran : la concurrence fait maintenant mieux, pour moins cher

Si de plus en plus de concurrents optent pour une dalle OLED proposée de série (c’est le cas du Omen Transcend 14 chez HP comme du nouveau ROG Zephyrus G14 chez ASUS, notamment), Razer s’en tient une nouvelle fois à un « simple » écran LCD IPS de 14 pouces pour son Blade 14 millésime 2024.

Face aux dalles organiques de ses rivaux, l’appareil perd donc en contraste et en réactivité (le temps de réponse des écrans OLED étant pratiquement nul), mais fait presque jeu égal en termes de définition (2560 par 1600 pixels ici contre 2880 par 1800 pixels sur les deux modèles susmentionnés), et propose une fréquence de rafraîchissement supérieure (240 Hz ici contre 120 Hz en face). On regrette par contre que le VRR ne soit assuré qu’au travers de la solution AMD FreeSync Premium. À ce niveau de prix (2 500 euros minimum), une certification NVIDIA G-Sync aurait tout de même été appréciable.

Sous nos outils de mesure, la dalle choisie par Razer fait néanmoins du bon travail. On mesure en effet une luminosité maximale de 412 cd/m2. Une valeur supérieure à celle que l’on trouvait sur le Blade 14 il y a deux ans, et qui offre une bonne lisibilité dans la vaste majorité des contextes d’utilisation… d’autant que le traitement anti-reflets appliqué à l’écran nous a paru efficace. Sans approcher les valeurs sensationnelles de l’OLED, le contraste offert par l’écran de notre nouveau Blade 14 reste pour sa part très honnête — du moins pour une dalle LCD. On relève en effet un ratio de 1932:1, supérieur là aussi à ce que l’on mesurait sur l’appareil en 2022.

Comme promis, la prise en charge de l’espace de couleurs DCI-P3 est complète avec un indice de 99,4 % d’après nos mesures, tandis que le gamut sRGB est couvert à 99,9 %. Le DeltaE, pour sa part, ne dépasse pas 1,4, traduisant une très belle fidélité colorimétrique, et la température des couleurs est relativement juste par défaut.

En clair, on profite d’une belle expérience d’affichage dans l’ensemble… même si l’absence d’OLED (qui vient d’ailleurs d’arriver sur le Blade 16), ou de Mini-LED (disponible en option sur le Blade 16 depuis 2023), nous laisse un arrière-goût de « pas assez » en bouche.

Performances : le 14 pouces le plus puissant du marché ?

Notre Razer Blade 14 2024 est équipé d’un processeur AMD Ryzen 9 8945HS (8 cœurs/16 threads, 16 Mo de cache L3, boost jusqu’à 5,2 GHz), couplé à 32 Go de mémoire vive (DDR5 à 5600 MHz) et à une carte graphique dédiée NVIDIA GeForce RTX 4070 (140 W). Sur le papier, ce dernier propose donc une fiche technique extrêmement proche de celle du dernier ROG Zephyrus G14 haut de gamme, qui se distingue de son côté par l’utilisation de mémoire LPDDR5X (plus rapide), mais aussi — et malheureusement — par une RTX 4070 limitée à une enveloppe thermique de 90 W… soit 50 W de moins à pleine puissance que celle de notre Blade 14.

Voyons comment ce dernier se comporte en jeu et dans les benchmarks.

En matière de performances CPU, et sur Cinebench R23, on relève en premier lieu un indice de 16 182 points en multi-core, contre 1 771 points en single-core. Des chiffres avantageux. Le même Ryzen 9 8945HS, mais cette fois sur le ROG Zephyrus G14 2024, montait cette fois à 16 631 points en calcul multi-core, mais pour se limiter 1 684 points en single-core. Dans l’ensemble, les performances de la puce d’AMD (sous architecture Zen 4, gravée en 4 nm par TSMC) sont donc bien exploitées sur le nouveau Blade 14, même si ce dernier ne fait pas de miracles dans le cadre de calculs réalisés sur l’ensemble des 8 cœurs du processeur. Dans ce contexte, le format de l’appareil et son système de dissipation compact impliquent fatalement quelques concessions.

Il est pour autant difficile de prendre en grippe le nouvel ultraportable de Razer en matière de refroidissement. Sur ce point l’appareil s’avère en effet impeccable, en évitant à la fois le thermal throttling sur le CPU, mais aussi en limitant la chauffe en jeu comme en utilisation intensive… du moins celle perceptible par l’utilisateur. En la matière, même après plusieurs heures de jeu ou un gros stress test, la chaleur est quasiment imperceptible au niveau du clavier, et très supportable près de la charnière. Sur ce point le Blade 14 fait donc mieux que son rival signé ASUS. Plus fin, ce dernier s’illustrait en effet par un échauffement tout de même plus marqué.

Cela étant dit, les deux appareils s’avèrent à peu près aussi bruyants l’un que l’autre en jeu, ou en utilisation soutenue. Sans s’avérer insupportable, le bruit émis par les ventilateurs du Blade 14 est difficile à ignorer. L’appareil a par contre le mérite d’être parfaitement silencieux en utilisation bureautique, en navigation web, ou en multimédia léger, puisque ses ventilateurs sont coupés la plupart du tout, ou tournent à très faible vitesse.

Sur le plan des performances graphiques, le Razer Blade 14 2024 s’installe sans forcer en tête des meilleurs ultraportables gaming. C’est bien simple, l’appareil est un monstre de puissance à peine plus encombrant qu’un cahier d’écolier. Sur 3D Mark Time Spy Extreme, l’engin et sa RTX 4070 (140 W) récoltent ainsi 5 966 points en score graphique. À titre de comparaison, le Blade 14 2022 et sa RTX 3080 Ti montaient à 4 936 points il y a deux ans ; tandis que le ROG Zephyrus G14 2024 et sa RTX 4070 (90 W) se contentent de 5 371 points en score graphique sur le même outil.

Toujours sur Time Spy Extreme, la RTX 4070 du HP Omen Transcend 16 atteignait pour sa part 5 813 points « seulement » sur le même benchmark. En clair, le nouveau Blade 14 parvient à faire mieux que certains « grands » modèles de 16 pouces en dépit de son format ultra compact de 14 pouces. Chapeau bas.

Dans ces conditions, les performances en jeu sont généreuses. En QHD+ (définition native du Blade 14), nous atteignons la barre des 50 FPS en moyenne sur Cyberpunk 2077 avec le préréglage « Ray-tracing ultra ». Un seuil largement dépassé, avec plus de 70 FPS au compteur, lorsqu’on active la technologie de « frame generation » (DLSS3) de NVIDIA. Dans les mêmes conditions, cette fois sous Dying Light 2, on enregistre cette fois une moyenne supérieure à 80 FPS, contre plus de 100 FPS avec le DLSS 3.0 actif.

Quant à Alan Wake 2, avec l’ensemble des réglages en ultra, le path tracing actif, et les réglages les plus exigeants accessibles à date, nous étions en mesure de l’animer à 30-35 FPS en moyenne avec le DLSS 3 activé. En faisant quelques concessions, il est évidemment possible de passer les 60 FPS, mais avec ces réglages de l’extrême, le jeu était véritablement de toute beauté… tout en restant relativement fluide.

Bien entendu, la barre des 100 FPS sera allègrement dépassée dans les titres compétitifs, moins demandeurs en ressources, et ces performances nous laissent les coudées franches pour tous les usages créatifs que l’on peut imaginer (modélisation 3D, montage vidéo lourd, retouche photo avancée…). Le Blade 14 est tout simplement un très beau (petit) réservoir de puissance, suffisant pour combler les attentes aussi bien des joueurs que des utilisateurs créatifs en quête d’un produit compact aux performances diaboliques.

Terminons par un point sur les vitesses de transfert obtenues sur le SSD de 1 To installé à bord de notre Blade 14 de prêt. Sur CrystalDiskMark, cette barrette M.2 PCIe Gen 4 atteint 6 665,95 Mo/s en lecture et 4 936,43 Mo/s en écriture. De quoi travailler, créer et jouer dans des conditions globalement optimales.

Autonomie : une (petite) journée sur batterie

Avec sa batterie de 68,1 Wh, le Blade 14 2024 se contente d’une capacité quasiment identique à celle du modèle 2022… malgré le passage à des composants plus puissants. De quoi nous laisser craindre le pire à première vue. Dans les faits, Razer s’en sort pourtant assez bien. En utilisation légère, la barre des 7 heures peut être atteinte à condition de réduire la voilure en termes de luminosité d’écran, et d’éviter tout rétroéclairage RGB à gogo sur le clavier.

En lecture vidéo sur YouTube, avec la luminosité de l’écran poussée à 100 %, cette fois, le rétroéclairage du clavier désactivé et les paramètres d’alimentation en mode meilleure efficacité, on parvenait à dépasser légèrement les 6 heures 10 minutes d’autonomie. Pas de quoi sabrer le champagne, mais le Blade 14 est donc capable de tenir une petite journée sur batterie si l’on y met du nôtre.

Il faudra néanmoins garder le chargeur à portée de main pour éviter toute mauvaise surprise en cours de route. Plutôt compact (GaN oblige), ce dernier peut être transporté assez facilement avec l’appareil. Il permet de recouvrer les 100 % de batterie en plus ou moins 1 heure 30 minutes sur secteur. On ajoutera par ailleurs que la technologie Power Delivery disponible sur le Blade 14 permet également de faire le plein, parfois lentement, certes, mais avec peu ou prou n’importe quel chargeur USB-C un tant soit peu puissant. Pratique.

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