Critique The Orville : au-delà de la parodie de Star Trek

Antoine Roche
Publié le 14 mars 2020 à 15h15
The Orville

En allant régulièrement là où on ne l'attend pas et en se bonifiant épisode après épisode, la comédie dramatique de science-fiction The Orville est l'une des meilleures surprises télévisuelles de ces dernières années.

Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :


The Orville : take a trip down MacFarlane

Quand il est question des œuvres de Seth MacFarlane, ce n'est pas compliqué, je ne connais que deux états. Le premier me voit joyeux - voire presque extatique - quand je songe à des séries comme American Dad (à ses débuts en tout cas) et surtout Family Guy, seul dessin animé au long cours qui me fait, aujourd'hui encore, éclater de rire comme au premier jour. De fait, ces show sont à mon sens des leçons d'humour, d'absurde, d'impertinence et d'imagination que je chéris.

Le second état en revanche est moins glorieux, puisque quand me vient à l'esprit un film pas bien fin comme Ted ou la série ratée The Cleveland Show (et American Dad depuis quelques saisons...), je tend plutôt vers la morosité.



Aussi, quand l'homme aux multiples casquettes (acteur, producteur, réalisateur, scénariste...) a annoncé sa volonté de chapeauter de A à Z une parodie de Star Trek baptisée The Orville, autant vous dire que j'étais partagé et même, méfiant. Qui plus est avec la sortie en parallèle de la très chouette Star Trek: Discovery. Or, finalement, le show m'a surpris a bien des égards et il vient tranquillement se placer dans le coin des travaux de qualité de l'Américain.

Pourtant, le début de la série peine à convaincre, soyons honnête. MacFarlane cherche clairement le bon ton à adopter et il faut lui laisser quelques épisodes pour se chauffer. Le déclic fini heureusement par arriver, suffisamment rapidement, et dès lors c'est une montée en qualité permanente qui vous attend, tout particulièrement en saison 2. Notez d'ailleurs qu'il y a respectivement 12 et 14 épisodes par saisons, et qu'une troisième arrivera en fin d'année sur Hulu.

Ster Trak

Parodie de Star Trek oblige, The Orville suit l'équipage d'un vaisseau d'exploration spatiale appartenant à « l'Union Planétaire ». Ses membres, commandés par le Capitaine Ed Mercer (MacFarlane himself) secondé malgré lui par son ex-femme Kelly Grayson (Adrianne Palicki), proviennent de multiples factions et races issues de toute la galaxie, et vivent des aventures au jour le jour.

The Orville 2

Difficile d'être dépaysé si vous êtes un Trekkie, donc, d'autant plus que la série va même jusqu'à réinvestir volontairement l'aspect « cheap » des costumes et décors intérieurs du vaisseau typique des anciennes séries Star Trek. Toutefois, le show de Fox (Fox Broadcasting Company) se dote de quelques moyens pour paraître moderne, notamment au niveau des effets spéciaux, et tout ne pique donc pas les yeux.



Mais alors, me direz-vous, quels sont les éléments qui font que The Orville fonctionne si bien ? À mon sens, la série est avant tout portée par sa maîtrise de l'humour et du drame, deux tons toujours bien mélangés et en parfait équilibre. La plupart des blagues et des situations absurdes distillées dans les épisodes fonctionnent bien (notamment grâce à certains personnages, hilarants presque malgré eux), et MacFarlane a le bon sens de rester sage, tombant rarement dans certains de ses travers où il peut manquer de finesse.

Aussi, la série est divertissante et très souvent juste dans ce registre de la rigolade détendue et décalée - à défaut, cela dit, de risquer véritablement de vous casser les côtes de rire.

Ce tweet d'il y a plus d'un an résume parfaitement mon avis sur The Orville


We need to go deeper

Mais c'est surtout du côté du drame que le show surprend le plus. Non seulement certaines des relations entre les membres d'équipage sont sincèrement touchantes, bien écrites et jouissent d'une évolution cohérente (à commencer par celle des deux tourtereaux à la tête du vaisseau), mais surtout, The Orville s'engage très régulièrement dans des sujets inattendus. La série, se fait alors souvent miroir de la société, plaçant autant l'équipage que le spectateur face à des situations compliquées, dans le but de faire réfléchir.

Que devrions nous faire ou non face à une civilisation dont les mœurs et les traditions ancestrales vont complètement à l'encontre de celles de l'Humanité, telle que nous la concevons ? Comment réagir quand un humain tombe amoureux d'un robot, ou lorsque le voyage dans le temps devient une réalité ? À quoi ressemblerait un univers en 2D ?... Tels sont quelques exemples issus de certains de mes épisodes préférés, et parmi lesquels on sent véritablement la volonté de rendre hommage à l'avant-gardisme de Star Trek, sur bien des sujets.

The Orville 1


« Avec ses nombreuses idées originales servies par une solide écriture qui fait aussi bien rire que réfléchir, The Orville est une série qui mérite plus d'attention »



Plus d'une fois la série m'a soufflé, par des idées et des prises de positions que je n'avais jamais vu ailleurs, mais aussi par ses références et ses éléments empruntés - volontairement ou non - à d'autres œuvres chères à mon cœur (Mass Effect, Black Mirror, etc.). Je suis aujourd'hui tout simplement très curieux de ce que The Orville nous réserve en saison 3. D'autant que, plus les épisodes avancent, plus l'ambition de la série grandit, se pourvoyant notamment de fils rouges et d'arcs narratifs plus conséquents. De même, je suis impatient de voir quels nouveaux guests seront de la partie, car ils ont jusqu'ici été nombreux et de qualité.



Alors, la série de Fox n'est peut-être pas originale pour un sous dans sa forme, et son jeu d'acteurs n'est assurément pas le meilleur proposé à la télévision aujourd'hui - et cela rebutera probablement certains -, néanmoins, elle compense véritablement ces lacunes par tout le reste. Avec de nombreuses idées originales, servies par une solide écriture qui fait aussi bien rire que réfléchir, The Orville est une série qui mérite plus d'attention... Et un diffuseur chez nous.

Cette série est pour vous si :

- Vous voulez rire, mais pas que
- Vous avez envie d'une série qui arrive régulièrement à vous surprendre
- Le space opera, quelle que soit sa forme, ça vous botte

Cette série n'est pas pour vous si :

- Vous êtes allergique à Star Trek et/ou à MacFarlane
- Vous n'êtes pas prêt à laisser passer un démarrage « bien mais pas top » de quelques épisodes
- Vous êtes un Trekkie pur et dur qui ne tolère pas les parodies ou hommages


Avec l'arrivée prochaine de la saison 3 sur Hulu et le potentiel lancement de la plateforme en France, The Orville devrait finir, je l'espère, par être disponible chez nous. Pour le moment, malheureusement, il faudra se contenter de se montrer malin ou patient pour la voir.

Antoine Roche
Par Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (6)
Cleindori

Ouais l’épisode dénonçant le système chinois mâtiné de Black Mirror était cool.

Sinon le diptyque Ted (surtout le 1) est absolument extraordinaire, cet homme a perdu la raison.

Aelitys

The Orville est diffusé sur Warner TV, disponible sur canalsat etc :wink:

Grebz

Pour moi, The Orville n’est pas une « parodie » de Star Trek, c’est au contraire un retour aux sources de l’esprit original de la série, avec l’ajout d’une couche d’humour plus ou moins réussie selon les épisodes. Mais on retrouve l’esprit d’origine, à savoir l’exploration spatiale, la rencontre avec des civilisations et manières de penser extraterrestres déroutantes, des thèmes propres à la science-fiction.

Quant à la « chouette Star Trek Discovery », elle se fait défoncer par bon nombre de Trekkies qui n’y retrouvent absolument pas cet esprit Star Trek. Même si j’ai plutôt pas mal apprécié Discovery, je trouve aussi que ça n’a rien à voir avec Star Trek. En ce sens, The Orville est un vrai Star Trek, bien qu’il n’en ait pas le nom et ne se situe pas dans le même univers. MacFarlane est un vrai fan de Star Trek et ça se voit.

Les films et séries Star Trek se sont fourvoyés dans autre chose, y compris la nouvelle série Picard qui est plus un spin-off qu’une série officielle. C’est pas mal du tout, d’ailleurs, mais on n’est pas non plus dans un Star Trek à l’ancienne. Tant mieux ou tant pis, chacun son opinion.

Mais pour moi, The Orville, c’est du Star Trek pur jus, humour en plus. Certains épisodes sont ratés (du moins, sans grand intérêt à mon goût), d’autres sont excellents, on va voir comment ça évolue. Mais j’attends la suite de The Orville avec 100 fois plus d’impatience que Discovery.

tangofever

« Pour le moment, malheureusement, il faudra se contenter de se montrer malin ou patient pour la voir. »
Tu veux dire quoi par là puisque moi je n’ai pas le droit de le dire.
Sinon bonne série pour ne pas rester tout le temps dans le sérieux.
Ps : pour « Avenue 5 » passez votre chemin nul de chez nul

aGa

Yup, j’ai commencé Avenue 5 en espérant un jour en faire une chronique ici, mais ça ne sera pas le cas. J’ai abandonné à l’épisode 7, c’est vraiment décevant sur tout.

Stfan

Je suis un fan de Star Trek pur et dur et j’adore The Orville. Ils ont su re-créer avec justesse l’esprit familial et cosy qui me plaisait tant dans Star Trek La Nouvelle Génération ou Star Trek Voyager : un vaisseau où il fait bon vivre, malgré les menaces extérieures.

Cette série mérite plus le nom de Star Trek que Discovery ou Picard qui en ont le nom (j’étais très emballé par le 1er épisode de Picard mais les épisodes suivants m’ont tous déçus) et Discovery a une excellente saison 2 mais une saison 1 qu’à moitié réussie.

Alors oui, moi aussi je suis bien plus impatient de voir la suite de The Orville que de voir les épisodes suivants de Picard ou Discovery. En ce qui concerne The Orville, j’ai acheté les DVD (Saisons 1 et 2) en Allemagne sur Amazon (car ils comportent des sous-titres en français et c’est tout ce dont j’ai besoin pour moi qui aime bien regarder les séries en V.O.).

La Saison 1 de The Orville était parfaite selon moi (même le 1er épisode est très agréable à suivre alors que les séries Trek ont souvent un pilote déplorable ce qui ne m’a pas empêché d’aimer les séries par la suite).

En Saison 2, ils ont essayé de mettre la pédale douce sur l’humour (que beaucoup trouvaient incongru) mais qui, du coup, a donné 3 ou 4 premiers épisodes décevants en Saison 2 mais fort heureusement ensuite, l’humour est revenu progressivement et c’est comme ça que la série doit toujours être selon moi (un peu d’humour mais pas trop : le juste mélange).

The Orville réussi d’autant mieux l’humour (là où même la Nouvelle Génération de Star Trek me faisait grincer des dents parfois quand Data s’essayait à l’humour, ce n’était pas toujours très réussi je trouve), je trouve d’autant plus l’humour réussi sur The Orville du coup en comparaison.

L’épisode sur la télé-réalité m’a soufflé par sa qualité et la justesse de son interprétation (on s’approche effectivement de Black Mirror où de très bons épisodes de Star Trek La Nouvelle Génération ou Voyager, j’ai adoré. Hâte de voir ce qu’ils nous réservent en Saison 3, vraiment.

J’ai des amis qui n’ont pas apprécié le petit changement de casting en saison 2 (je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler) mais moi cela ne m’a pas gêné plus que cela.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles