Depuis qu'Elon Musk a racheté le réseau social, rares ont été les semaines sans qu'il prenne une décision qui semble absurde vue de l'extérieur.
Et parfois même de l'intérieur. Il faut bien reconnaître que si Elon Musk souhaitait bâtir une plateforme à son image, il a atteint son objectif. Le milliardaire a en effet réussi à la transformer en une safe place pour les complotistes et l'extrême droite que l'ancienne direction avait difficilement écartés. Mais surtout, il a réussi à faire de cette entreprise en difficulté économique un véritable gouffre financier, la faute à des orientations qui semblent le plus souvent prises sans concertation, et à des solutions qui sont loin d'être suffisantes. Dans cet incroyable amas de décisions catastrophiques, voici quelques-uns des pires choix d'Elon Musk concernant son jouet à 44 milliards. Pardon, à 19 milliards.
6. Rendre l'API payante
Avant l'arrivée du milliardaire sud-africain aux commandes de l'entreprise, Twitter était très accessible et ouvert aux développeurs et universitaires tiers souhaitant utiliser l'API de la plateforme, pour développer des applications compatibles ou simplement à des fins de recherche. Une gratuité tout simplement inacceptable pour Musk, qui a rendu son accès payant, à des tarifs que la plupart des concernés considéraient largement déraisonnables : l'offre maximale illimitée, la seule viable pour une application, est disponible pour la modique somme de 42 000 dollars par mois.
Nombre d'applications tierces ont donc dû mettre la clé sous la porte, tout comme des comptes de bots, certains drôles et d'autres utiles, qui ne pouvaient pas se le permettre. Quant aux chercheurs qui utilisaient l'API de Twitter, ils doivent aller voir ailleurs.
Pire encore, cette terrible décision a donné des idées et des ailes, à un autre réseau social qui n'a jamais connu la rentabilité auparavant… mais API payante ou non, celle-ci continue de leur poser des lapins.
5. Le retrait des titres des articles
Elon Musk n'est pas le plus grand fan des médias et des journalistes en général. Mais même en sachant cela, sa décision de supprimer l'affichage des titres et des meta descriptions des articles postés sur X.com est tellement absurde que même lui a dû, une fois n'est pas coutume, reconnaître que c'était une erreur. Car actuellement, seule la photo s'affiche ainsi qu'une mention du nom de domaine principal de l'article lorsque l'on poste un lien.
Elon Musk avait déjà décidé de pénaliser le référencement des posts incluant des liens vers d'autres sites, afin que les utilisateurs restent le plus longtemps possible sur sa plateforme, mais en retirer le titre ne va pas, à l'évidence, enrichir le débat. La justification de Musk vaut également le détour : pour lui, « c'est plus joli ». Difficile d'argumenter.
4. L'amnistie générale et l'abandon de la modération
L'idée ici n'est pas de fantasmer un Twitter qui n'a pas existé. Les discours haineux, violents, discriminants, ou encore le harcèlement existaient avant qu'Elon Musk ne vire l'ancienne direction. Mais au crédit de cette dernière, au moins avait-elle tenté de résoudre ces problèmes, notamment en supprimant de nombreux comptes ayant violé ses politiques de contenu, le plus célèbre d'entre eux étant celui de Donald Trump.
Une politique en contradiction avec la vision muskienne de la liberté d'expression, qui consiste à autoriser tous les discours, du moment qu'ils ne disent pas de mal de lui. Et c'est ainsi que peu de temps après avoir fait l'acquisition de la plateforme, il a décidé d'une amnistie générale des comptes bannis, ce qui a signé le retour de nombreux comptes extrémistes, complotistes ou violents sur Twitter, pendant que les équipes de modération faisaient le chemin inverse.
Sans trop de surprise, les discours haineux ont alors prospéré, et les annonceurs ont commencé doucement à considérer leurs options. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs fini par quitter le navire définitivement, après qu'Elon Musk ait récemment repris des propos antisémites puis les ait directement insultés au cours d'une conférence.
3. Le partage des revenus publicitaires avec les abonnés premium
Quelques mois après avoir introduit l'abonnement X premium, Elon Musk a eu une autre idée de génie pour rendre la formule plus attrayante : le partage des revenus publicitaires avec les créateurs de contenus - abonnés Twitter Blue bien sûr - générant le plus d'engagement. Les premiers profils concernés, presque exclusivement des comptes d'influenceurs d'extrême droite ou faisant la promotion de Tesla, ont ainsi partagé des revenus de plusieurs milliers de dollars, ce qui a probablement avant tout été une opération pour promouvoir l'abonnement payant.
Mais la conséquence, c'est que le moyen de générer le plus de revenus possible sur X.com, c'est de créer le maximum d'engagement. En d'autres termes, partager des posts créés pour faire plaisir à l'algorithme, et le saturer au moyen de mèmes viraux copiés ailleurs ou de commentaires outrageusement provocants. Ce n'est pas comme si X.com en avait besoin.
2. Twitter Blue/X premium
L'idée de proposer un abonnement payant offrant des fonctionnalités supplémentaires à un service autrement gratuit n'est a priori pas déraisonnable, et loin d'être une première sur Internet. Mais dans le cas de Twitter Blue, puis de X Premium, cela a objectivement signifié une dégradation de la qualité du service pour tous les utilisateurs et a par ailleurs été la source d'autres problèmes abordés dans cet article.
Le principal problème étant sans doute le mode d'attribution du macaron bleu. Ce dernier a longtemps servi à atténuer les problèmes de désinformation et d'usurpation d'identité que pouvait connaître la plateforme, en indiquant que la personne ou l'entité qui l'arborait était bien qui elle prétendait être. Sa signification est désormais tout autre, puisqu'il ne s'agit désormais que d'un ticket de caisse fièrement exposé aux autres utilisateurs.
Si X Premium a participé plus encore à la désinformation sur le réseau social, certains des services qui y sont associés ne sont pas des ajouts, mais des fonctionnalités déjà existantes auparavant et désormais réservées à ceux qui ont donné à X.com leur code de carte bleue. Le plus problématique d'entre eux étant probablement l'authentification à deux facteurs.
Pour tous les problèmes causés par X Premium, les comptes qui se sont laissés tenter n'ont pas été, loin de là, assez nombreux pour compenser les pertes de revenus publicitaires, malgré les promesses extrêmement optimistes de l'homme d'affaires lors du lancement.
1. Le changement de nom
Si Twitter n'était pas exactement l'entreprise qui présentait la meilleure santé financière avant d'être rachetée, elle disposait au moins d'un atout incontestable : un nom et une marque très forts. Car à part Snapchat, Twitter est bien le seul réseau social à avoir fait entrer le nom de ses posts dans le dictionnaire et le langage courant. Les utilisateurs eux-mêmes continuent d'utiliser le terme Twitter dans leur grande majorité.
Mais Elon Musk a choisi de se priver de cette image de marque inestimable, renommant les tweets en un générique « posts », et en supprimant jusqu'au logo de l'oiseau bleu. En plus de l'enfer administratif que cela représente, cela a aussi permis d'ajouter de nouvelles entrées à sa liste de procès, les entreprises nommées X avant la sienne n'étant pas franchement une denrée rare. Aujourd'hui encore, le nom de domaine principal reste Twitter.com, de nombreuses pages du site utilisent ce nom, et il n'existe probablement pas d'articles de presse sur la planète qui ne précise pas « ex-twitter » quand il aborde le sujet X.com.
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