Annoncée à Berlin durant l'IFA 2024, la nouvelle gamme de processeurs mobiles Intel Lunar Lake vise à concurrencer à la fois les puces Snapdragon X de Qualcomm, mais aussi les dernières solutions AMD Strix Point, lancées en juillet. Nous avons commencé à tester le tout nouveau Core Ultra 7 258 V. Voici nos premières impressions.
Face à l'avènement des puces ARM sur le marché des PC portables et à la percée de Qualcomm sur ce terrain, Intel doit montrer les muscles. La firme dévoilait ainsi, début septembre à l'IFA, sa nouvelle gamme de processeurs mobiles Lunar Lake. Très attendue, cette dernière va se déployer massivement sur le marché des PC portables et ultraportables au cours des prochaines semaines et par la suite, avec une présence sur les nouveaux modèles de la majorité des constructeurs de laptops.
Mais si la force de frappe d'Intel auprès des OEM reste massive, qu'en est-il vraiment de cette nouvelle lignée d'APU ? Intel, qui semble avec elle jouer son va-tout en pleine période de crise, parvient-elle à égaler ou à surclasser ses concurrents directs ?
En compagnie d'un ASUS Zenbook S14 fourni par Intel France et équipé du tout nouveau Core Ultra 7 258 V, nous avons obtenu quelques premiers éléments de réponse.
Quelle configuration ?
Pour contexte, le Core Ultra 7 258V est l'une des nouvelles solutions haut de gamme d'Intel. Dans la nouvelle offre mobile du groupe, il se place néanmoins derrière les Core Ultra 9 288V, Ultra 7 268V et Ultra 7 266V, qui disposent du même nombre de cœurs, mais de fréquences un peu plus élevées.
Notre Core Ultra 7 258V n'est donc pas le processeur Lunar Lake le plus rapide du line up. Un élément à prendre en compte, même si, de par sa configuration, il devrait nous donner une bonne idée des performances permises avec la nouvelle lignée de processeurs mobiles Intel.
Dans le détail, le Core Ultra 7 258 V regroupe 8 cœurs (4 cœurs hautes performances et 4 cœurs haute efficacité) et 8 threads cadencés à un maximum de 4,8 GHz sur les « P-cores » et de 3,7 GHz sur les « E-cores ». Gravée en 3 nm par TSMC (et non Intel, signe des temps), la puce comprend par ailleurs 12 Mo de cache unifié, un NPU délivrant jusqu'à 47 TOPS dévolus au calcul local de l'IA et un iGPU Intel Arc 140 V comprenant lui-même 8 cœurs Xe montant à 1,95 GHz.
Nous l'avons dit plus haut, nos premières mesures ont été réalisées sur un ASUS Zenbook S14 (annoncé à l'IFA 2024 lui aussi). Le Core Ultra 7 258 V y était couplé à 32 Go de mémoire vive (LPDDR5x à 8 533 MHz) et à un SSD M.2 PCIe Gen 4 de 512 Go. Alimenté par une batterie de 72 Wh et doté d'un écran OLED de 14 pouces (2,8K et 120 Hz), le nouveau PC d'ASUS, quant à lui, ne dépasse pas 1,1 centimètre d'épaisseur pour 1,2 kilo.
Que vaut le nouveau Core Ultra 7 258 V ?
Mais venons-en aux faits et aux performances développées par le Core Ultra 7 258 V. Nos premières mesures, qui seront complétées par d'autres benchmarks d'ici à notre test du Zenbook S14, dont la publication est prévue prochainement sur Clubic, ont été réalisées sur Cinebench R24 et Geekbench 6 pour la partie CPU, et sur 3D Mark pour la partie GPU.
Sous Cinebench R24, compatible tant avec les processeurs ARM que les puces x86, le Core Ultra 7 258 V obtient 119 points en calcul single-core et 597 points en multi-core. Nous étions alors branchés au chargeur du Zenbook S14, avec le mode « Pleine vitesse » activé depuis les paramètres de l'utilitaire MyASUS et les paramètres d'alimentation de Windows en mode « Performances élevées ». Sur batterie, avec les mêmes réglages, nous n'observons aucune baisse des performances, avec cette fois 117 points en single-core et 600 points tout rond en multi-core sur le même outil.
Si ces scores se confirment d'ici à la publication de notre test définitif, disons qu'ils seront alors décevants. Car si la puce d'Intel se classe sans mal au même niveau qu'un Snapdragon X Elite en single-core, elle est loin de rivaliser avec les solutions de Qualcomm en calcul multi-core. D'ailleurs, en la matière, même un simple Core Ultra 5 125H d'ancienne génération fait mieux. On note néanmoins qu'il y a du positif par rapport aux anciens processeurs Meteor Lake : notre puce Lunar Lake conserve les mêmes performances sur secteur et sur batterie, comme c'est le cas avec les puces ARM. Un bon point, signe d'une maîtrise énergétique nettement améliorée.
Sur le plan GPU, le premier bilan est lui aussi (relativement) positif. Sur 3D Mark Time Spy Extreme, nous relevons un score graphique de 1 911 points. Pour comparaison, l'iGPU Radeon 890M du dernier Ryzen AI 9 HX 370 montait à 1 527 points sur le même outil. Quant à 3D Mark Steel Nomad Light, cette fois, la nouvelle puce d'Intel obtient 2 810 points et un peu plus de 20 FPS en moyenne. La partie graphique Adreno X1-85 du Snapdragon X Elite X1E-80-100 se limitait de son côté à 2 202 points sur ce benchmark et 16 FPS en moyenne.
En l'état, Lunar Lake nous fait donc l'effet d'une génération de transition pour Intel, qui se rapproche de l'expérience offerte par les solutions ARM de Qualcomm en matière d'efficacité énergétique… quitte à délaisser assez franchement (pour l'instant ?) les performances en multi-core.
C'est là une approche risquée, mais potentiellement salutaire pour Intel, qui muscle en parallèle son jeu sur le plan graphique, avec un iGPU Intel Arc nettement renforcé. Ce dernier pourrait d'ailleurs s'avérer redoutable sur la prochaine vague de consoles portables sous Windows. Nous avons notamment en tête la nouvelle version du MSI Claw, que nous avions aperçue en juin, au Computex, et qui misera justement sur des puces Lunar Lake.