Les investisseurs boudent-ils le secteur du logiciel ? Le nombre de levées de fonds ainsi que leur niveau a baissé de manière « significative » ces trois dernières années, observent le cabinet KPMG et l'Association française des éditeurs de logiciels (Afdel) dans leur premier baromètre sur la question.
De 26 opérations réalisées au premier semestre 2011, ce chiffre a été ramené à 22 sur la même période en 2012 puis à seulement 12 cette année. Et les montants investis ont également fondu : 65 millions d'euros entre janvier et juin 2011, 79 millions d'euros l'année d'après et seulement 37 millions cette année. Le nombre de levées de fonds a reculé de 45% entre 2012 et 2013 et les montants investis de 53%.
Pour Guillaume Cauchoix, directeur adjoint de KPMG Corporate Finance, « la baisse survenue au premier semestre 2013 est probablement l'effet de la conjoncture et révèle un plus grand attentisme des investisseurs face à un manque de visibilité en particulier sur le plan fiscal ». La fin de l'année 2012 avait été le théâtre d'un bras de fer entre le gouvernement et le mouvement des Pigeons sur l'évolution de la taxation des plus-values de cessions - mouvement qui avait aussi décelé une baisse des investissements fin 2012.
Des levées moyennes de 3 millions d'euros
Entre janvier 2011 et juin 2013, les éditeurs français de logiciels ont levé un total 325 millions d'euros au travers de 110 opérations (l'étude porte sur les opérations supérieures ou égales à 500 000 euros). Notons que 9 levées sur 10 sont inférieures à 5 millions d'euros, avec une moyenne située à 3 millions d'euros.
Dans le top 3 des plus gros tours de table, on retrouve Criteo en première place avec 30 millions d'euros récoltés en septembre 2012 - depuis, le spécialiste du reciblage publicitaire a levé bien plus en s'introduisant au Nasdaq en octobre 2013, soit près de 250 millions de dollars. En deuxième place on retrouve Neolane qui avait levé 21 millions d'euros en janvier 2012 - racheté cette année par Adobe pour 600 millions de dollars. Le spécialiste des processus métiers open source Bonitasoft ferme le podium avec 10 millions levés en 2013.
Mais à quoi servent ces fonds ? Pour les trois quarts des entreprises, ces apports de capitaux sont utilisés au premier chef pour accélérer leur développement commercial. Dans quatre cas sur dix, ces fonds servent à internationaliser les solutions « compte tenu de la taille limitée du marché français », souligne le cabinet. Enfin, les éditeurs sont presque autant à allouer ces capitaux au développement de leurs produits.
Peu de fonds étrangers dans les premiers tours
« Plus de la moitié des éditeurs français ont un chiffre d'affaires inférieur à 1 million d'euros et seuls des financements importants et adaptés leur permettront de valoriser leurs technologies afin d'atteindre la taille critique des entreprises de taille intermédiaire », estime Olivier Njamfa, président de la commission Investisseurs de l'Afdel. Des fonds très souvent d'origine française lors des premiers tours de table.
Pour un premier tour, un jeune éditeur de logiciels a 84% de chances de recevoir des fonds français. Cette proportion passe à 77% pour le deuxième tour puis 50% pour le troisième et le quatrième. À ce stade, les investisseurs étrangers - mais aussi publics, par le biais notamment de Bpifrance -, sont plus enclins à soutenir les start-up françaises. Il s'agit notamment de fonds américains, anglais mais aussi japonais.
Afin de faire rayonner les start-up française à l'international et potentiellement attirer de nouveaux investisseurs, le gouvernement présentait mercredi son label « French Tech ». Sa vocation est de fédérer les écosystèmes entrepreneuriaux français dans un premier temps, puis de les accompagner financièrement et enfin de promouvoir leur action à l'étranger.