Si tout se passe bien, à l'heure où nous écrivons ces lignes, la version 3.5 de Mozilla Firefox devrait voir le jour en fin d'après midi. Petit conseil de la rédac : téléchargez cette version, et mettez la de côté sur une clé USB ou sur un CD vierge. Car, si vous faites partie des 76 000 chanceux qui parviendront à décrocher une version de Windows 7 à un prix préférentiel (tous les détails du casse tête de Microsoft dans notre description des tarifs de Windows 7), vous n'aurez même pas le plaisir d'utiliser Internet Explorer une seule et unique fois pour télécharger Firefox, Opera ou Google Chrome. Comme vous le savez peut être, histoire de ne pas s'attirer les foudres de la Commission Européenne, Microsoft a en effet décidé de commercialiser Windows 7 dans une version spécifique pour l'Europe, la version E, dénuée de tout navigateur web. Et il ne s'agit pas d'une version supplémentaire que personne n'osera mettre en rayon, comme la tristement célèbre version N, non non ! Cette fois, vous n'aurez pas le choix ! Ou plutôt, vous aurez le choix de votre navigateur web, puisque vous pourrez installer celui que vous préférez. Encore faut-il pouvoir le télécharger, car si les constructeurs auront le choix d'inclure n'importe quel navigateur sur leurs machines équipées de Windows 7, les détenteurs des versions boite devront télécharger Internet Explorer ou tout autre navigateur par leurs propres moyens !
Alors on pourrait se dire que Microsoft favorise l'ouverture, qu'ils vont faciliter la tâche à leurs clients, que l'on va avoir droit à un menu incluant des liens vers le navigateur de son choix au premier démarrage de notre super édition collector. Pensez, déjà que vous avez eu le privilège de précommander votre version, il ne faudrait pas en plus qu'on vous mâche le travail. Non, la réalité est beaucoup plus drôle. Voici en toutes lettres ce que l'on peut lire sur le site français de Microsoft au sujet de la précommande de Windows 7 : « Les éditions Windows 7 E ne comprennent pas de navigateur Internet. Nous vous recommandons de vous procurer un navigateur Internet auprès de Microsoft ou d'un autre fournisseur et de l'avoir à disposition sur un CD / DVD ou autre périphérique, prêt à être installé après l'installation complète de Windows 7 ». Vous avez bien lu, nous voilà de retour en 1995, on se demande même si on va pouvoir obtenir des CD d'Internet Explorer 8 par la poste comme au bon vieux temps !
Oh, oui, bien entendu, on pourrait me répondre que ça n'est qu'un détail, et que l'on n'est pas bête au point de ne pas savoir comment utiliser une clé USB. Et de toute façon, ça n'est pas la faute de Microsoft, pas vrai ? Si Opera, Mozilla et Google n'étaient pas des gros méchants jaloux, on n'en serait pas là, diront les mauvaises langues. Plus sérieusement, il y aurait matière à dire sur la Commission Européenne... Alors oui, certes, c'est un détail, mais qui conduit à quelque chose que l'on ne pensait plus voir depuis Windows 95 : un système d'exploitation vendu sans navigateur, à l'heure du web 2.0 ! La situation est tout aussi absurde que celle qui entourait l'inclusion de Windows Media Player et qui a débouché sur la sortie de la version N. Le cas de WMP est très intéressant car on a pu voir que malgré tous les efforts de Microsoft pour imposer son lecteur multimédia, ça n'a nullement empêché des millions d'utilisateurs d'installer la version Windows d'iTunes. On pourrait dire la même chose d'Internet Explorer : il est toujours inclus à toutes les versions actuelles de Windows, pourtant Mozilla Firefox arrive à lui faire de l'ombre et même beaucoup plus dans certains pays comme l'Allemagne où il fait jeu égal avec IE !
Que prouvent ces deux exemples ? Qu'au final, les utilisateurs ne sont pas si asservis à Microsoft qu'on le dit, et qu'ils peuvent très bien lui préférer d'autres logiciels si un concurrent arrive à sortir un meilleur produit et à le faire savoir. Permettre la désinstallation totale d'Internet Explorer 8 sous Windows 7 est une preuve d'ouverture. Ne pas l'inclure dans les versions européennes pousse davantage vers une situation plus risible qu'autre chose. Si Apple cherche un scénario pour leur prochaine publicité Mac/PC, entre les prix en trois temps, les multiples éditions et ce fiasco européen, la firme de Cupertino a l'embarras du choix !