L'entreprise japonaise SoftBank a reconnu avoir été dupée par un réseau social IRL, qui prétendait être le nouveau Facebook, alors qu'il était peuplé de robots. Problème, elle a investi 150 millions de dollars dans la société.
Il est particulièrement difficile pour SoftBank de nier l'échec. Le conglomérat japonais, qui possède des participations dans Alibaba, Sprint, ARM ou encore Boston Dynamics, n'a pas vraiment eu le nez creux en investissant, par le biais de son fonds Vision Fund, 150 millions de dollars dans IRL (In Real Life). L'intérêt s'est révélé être une tromperie, avec pas moins de 95 % des utilisateurs qui n'étaient que des bots totalement fictifs, sur un réseau social qui prétendait pouvoir rivaliser avec Facebook.
Un investissement alléchant pour Softbank, qui tourne au fiasco
Attiré par la belle promesse en 2021, le fonds d'investissement de SoftBank a aidé à valoriser cette entreprise américaine à 1,2 milliard de dollars. Mais les doutes ont rapidement émergé sur les chiffres gonflés d'utilisateurs de l'application IRL. Un audit a alors révélé que plus de 9 membres sur 10 n'étaient pas des humains. Fort logiquement, Softbank a attaqué en justice le fondateur du réseau social, Abraham Shafi.
Cet échec XXL remet évidemment en question le flair presque légendaire d'investisseur de Masayoshi Son, le fondateur de SoftBank, qui a déjà dû digérer le fiasco de WeWork pas plus tard qu'au moins de novembre, qui lui aura d'ailleurs coûté 11,5 milliards de dollars.
Et voilà qu'éclate le scandale IRL, qui ébranle à nouveau la crédibilité de Masayoshi Son. Le fonds d'investissement en question, Vision Fund 2, fut créé en 2019 fort du succès de sa V1. Mais le premier cité a perdu 1,7 milliard de dollars au dernier trimestre, ce qui plombe le moral des investisseurs.
Les investissements impulsifs du papa de Softbank, Masayoshi Son, remis en question
Softbank a porté plainte contre IRL et son fondateur pour fraude. Mais en face, Abraham Shafi reste impassible et défend la légitimité de son application fantôme. Les juges vont devoir faire la lumière sur la responsabilité des deux parties. Les témoignages de certains anciens salariés, qui expliquent que personne n'avait jamais entendu parler d'IRL (alors que le réseau social se vantait d'avoir séduit 25 % des adolescents américains), ne font en tout cas pas les affaires d'Abraham Shafi.
Au-delà du fait de s'être fait flouer, c'est surtout la façon dont l'investissement a été validé qui interpelle. Moins de 48 heures après avoir rencontré le fondateur d'IRL, Masayoshi Son était d'accord pour investir. Il s'était passé la même chose avec WeWork en 2017, même si l'entreprise de coworking a vécu.
Les investissements audacieux et impulsifs du PDG semblent s'éloigner de ses succès antérieurs, comme le pari Alibaba, plus que réussi. Ce sont autant de choix qui, aujourd'hui, mettent en doute la sagacité d'investissement de l'homme d'affaires.
Source : Le Figaro