Seul petit acteur capable de se confronter à Apple, Bose et Sony sur le marché des écouteurs bluetooth haut de gamme, le Français Devialet a réussi avec les premiers Gemini un véritable tour de force. Sans être parfaits, ces écouteurs pouvaient compter sur une excellente qualité sonore, mais surtout une isolation active au sommet du genre. Deuxième version de ce petit vaisseau amiral, les Gemini II comptent une fois encore se placer au sommet de la hiérarchie des écouteurs zéro fil.
- Qualité sonore
- ANC au sommet
- Qualité de fabrication
- Multipoint
- Isolation des aigus (pour des intras)
- Autonomie en simple charge
- Pas de mode Passif
Plus petits, plus luxueux, plus audiophiles et plus isolants que leurs aînés, les Devialet Gemini II affichent surtout un prix en très forte hausse (à partir de 399 euros). De quoi couper encore davantage le marché du true wireless haut de gamme du grand public ?
Fiche technique Devialet Gemini II
Version Bluetooth | Bluetooth 5.2 |
Autonomie écouteurs | 5h |
Poids écouteurs | 6g |
Type | Intra-auriculaire |
Réduction de bruit active | Oui |
Haut-parleurs | 10 mm |
Version Bluetooth | Bluetooth 5.2 |
Codecs compatibles | SBC, AptX, AAC |
Application | Oui |
Autonomie écouteurs | 5h |
Autonomie boîtier | 15h |
Poids écouteurs | 6g |
Poids boîtier | 49g |
Dimensions boîtier | 65 x 27 x 39 mm |
Un caractère qui s'affirme
Imposants et sans doute pas assez devialesques, les Gemini premiers du nom proposaient une sorte d'entre-deux stylistique. Plus matures, les Gemini II apportent une touche bien plus proche des autres produits de la marque, et des dimensions revues à la baisse.
L'élément le plus marquant des Gemini II est sans conteste la boîte de charge, qui adopte un dessin très actuel, façon AirPods Pro 2, en plus épais. Elle se démarque toutefois de celles de ses concurrents, avec des courbes en escaliers et un contour recouvert d'une couche de métal rutilant. Par rapport à la très imposante boîte des Gemini, qui coulissait, cette nouvelle version marque un progrès sensible. Son poids de 49 grammes la place dans la moyenne du genre, et la charnière sans aucun jeu prouve une bonne maîtrise de la construction. Plus encore, le passage invisible du métal au plastique (à l'arrière) permet de disposer d'une charge par induction.
Les écouteurs sont quant à eux dans la continuité de ce qui avait déjà été fait, puisqu'ils reprennent la forme en ellipse à dos plat des premiers Gemini. Ce dos se divise en deux parties : la zone tactile (commandes) placée sur le logo et un évent (ou microphone).
Très sérieuse, la conception des écouteurs, notamment leur revêtement mat, est plus premium que celle des AirPods, voire que celle des derniers Sony. Sur les écouteurs seuls, Devialet fait aussi bien que des Bang & Olufsen Beoplay EX, ou que des Bowers & Wilkins Pi7 S2. Pour la boîte, nous ne sommes pas encore sur le degré de luxe de B&O ou des modèles Master & Dynamics.
Malgré cette réussite formelle, il faut se contenter d'une certification IPX4. Sony, Apple et la majorité des concurrents ne font pas mieux, mais nous sommes très loin du IP57 des Jabra Elite 10, ou du IPX7 des Samsung Galaxy Buds 2 Pro.
On retrouve quelques progrès sur le confort, rendu un peu plus universel par le volume moindre des Gemini II. Mais les écouteurs, de type intra-auriculaires à canule courte, restent plus intrusifs que la moyenne, ce qui ne leur permet pas de tutoyer l'excellence. Surtout, cet amincissement n'efface pas la pression dans le creux de l'oreille, en particulier lors des longues sessions d'écoute. L'habitude atténue cette sensation, mais ne fait pas de miracles. Les Devialet Gemini II restent plus épais que la moyenne, ce qui implique de moins bien répartir les différentes zones de contact que des acteurs de type Jabra (Elite 8 active).
Pourtant, la tenue dans l'oreille est franchement bonne, et les quatre tailles d'embouts assurent une utilisation avec la plupart des morphologies d'oreilles.
Afin d'apposer sa patte et d'affirmer sa collaboration avec l'Opéra de Paris, le constructeur a dévoilé, en plus de la version classique, noir mat ou blanc mat (version testée), une déclinaison blanche avec des parties métalliques revêtues d'or 24 carats. Plus luxueuse (ou nouveau riche), cette seconde version est vendue à 599 euros.
Des commandes complètes, mais…
Devialet n'allait clairement pas revenir en arrière avec ces Gemini II, c'est pourquoi les écouteurs conservent des commandes 100 % tactiles. La marque mise sur des commandes légèrement asymétriques par défaut :
- Pression unique : lecture/pause ;
- 2 appuis : piste suivante avec l'écouteur droit ; piste précédente/début de piste avec l'écouteur gauche ;
- Appui long : changement de mode de réduction de bruit (ANC ou Transparence) ;
- 2 appuis + pression longue : augmentation du volume avec l'écouteur droit ; diminution du volume avec l'écouteur gauche.
La marque couvre donc la plupart des besoins. Pour certains, il manque un appel à l'assistant vocal. Celui-ci est accessible, mais en se substituant (réglage dans l'application) à l'une des autres commandes. En bons true wireless qui se respectent, les Devialet disposent d'un capteur optique de port.
Deux défauts sont à souligner avec les commandes. Premièrement, cette disposition asymétrique ne permet pas d'avoir une navigation complète avec un seul écouteur. Deuxièmement, l'appui du doigt sur la zone crée un effet de ventouse avec les embouts, ce qui a tendance à reproduire un son « pop » dans l'oreille. De fait, l'expérience est intéressante, mais encore imparfaite. Les écouteurs affichent des commandes plus intuitives que les Sony WF-1000XM5, mais qui reposent sur une zone d'appui plus petite.
De son côté, l'application Devialet Gemini va à l'essentiel, sans plus, mais le fait plutôt bien. On ne retrouve pas la montagne d'ajustements ergonomiques de Sony Headphones Connect, tout en ne tombant pas dans le dépouillement sauce Bose Connect. Devialet Gemini se scinde en deux onglets principaux : l'affichage batterie + changement de mode de réduction d'un côté, et les réglages de l'autre.
Cette seconde partie permet d'activer et de désactiver les capteurs de port, d'assigner d'autres actions aux commandes tactiles (excepté le changement de volume, fixe), et de modifier la balance droite-gauche. Surtout, Devialet se permet d'intégrer un égaliseur graphique à 6 bandes, ce qui est plus que la moyenne. Sans atteindre la richesse des égaliseurs de Shure, cela offre suffisamment de marge à l'utilisateur pour modifier assez finement la personnalité des Gemini II.
Pour certains, le côté clés en main, mais pas simpliste de cette application est idéal. Pour d'autres, l'absence de réglages plus poussés met en lumière un certain retard de Devialet par rapport à d'autres acteurs du haut de gamme. Nous avons testé les écouteurs sous la version 1.3.1 du firmware.
Une connectivité moderne, mais pas à la pointe du progrès
Nous nous y attendions, les Devialet Gemini II disposent d'une puce Bluetooth plus moderne que leurs prédécesseurs. Ainsi, on retrouve une référence Bluetooth 5.2, visiblement de chez Qualcomm, compatible multipoint (connexion sur deux appareils) et Google Fast Pair, et supportant les codecs SBC, AAC et AptX.
Nous pouvons déjà remarquer que le constructeur campe sur l'AptX, il ne se laisse pas tenter par des codecs plus modernes, AptX Adaptive en tête. Cela ne change pas grand-chose au son, mais fait perdre aux Gemini un peu de leur statut élitiste. C'est également valable pour l'absence de support du LE Audio, du moins officiellement.
Nous n'avons pas eu de problèmes de connexion, puisque peu importe le codec, aucune coupure ni aucun décrochage n'ont été constatés lors de notre test. De plus, la portée est très bonne.
Un silence de compétition
Prouesse incroyable lors de la sortie des Gemini il y a deux ans, la réduction de bruit active made in Devialet parvenait alors à peu près à se placer sur un pied d'égalité avec les meilleurs acteurs du marché. Encore plus mature, cet ANC parvient largement à faire jeu égal avec les AirPods Pro 2, et même avec les Sony WF-1000XM5 dans les basses et les médiums. L'atténuation est nette, efficace, elle permet d'effacer presque totalement les bruits ronronnants.
Mais contrairement aux Sony, pour lesquels les embouts en mousse constituent un avantage certain, l'isolation des aigus n'est pas aussi bonne que chez son concurrent. Cela se ressent notamment sur certaines fréquences sifflantes et sur des voix aiguës. Reste que les Gemini II sont bien au-dessus de la moyenne sur ce plan et, surtout, tiennent largement la comparaison avec d'autres très bonnes références, Apple AirPods Pro et Bose QC Earbuds 2 en tête.
Sur ce plan, Devialet parvient, dans des conditions idéales (bons embouts et bon placement), à faire un peu mieux que Bose et Apple dans les basses et les bas-médiums. Quelques gammes dans les aigus ont en revanche tendance à être à l'avantage de ses concurrents, ce qui met en lumière le seul défaut d'isolation des Gemini II.
Du fait du traitement impressionnant dans les basses et bas-médiums, les écouteurs français sont parmi les rares du marché à être plus efficaces dans ce registre que dans les hautes fréquences, ce qui peut se révéler perturbant et donner une sensation de bulle silencieuse exacerbée.
Il faut relever que ces nouveaux écouteurs ne disposent d'aucun mode passif, ce qui est assez incompréhensible. Il faut soit miser sur l'ANC, soit sur le mode Transparence. Cela affecte fatalement la consommation. De même, on ne retrouve pas de réglage d'intensité pour les deux modes.
Le mode Transparence est quant à lui plutôt efficace, car il se permet d'être très naturel dans les basses et les médiums, le tout sans reproduire de bruit blanc parasite (très courant dans ce mode). Sur nos mesures, un pic un peu étrange apparaît autour des 1-2 kHz, pic qui se retrouvera dans la réponse en fréquence. Évidemment, pas de miracle dans les très hautes fréquences, un peu trop atténuées pour rendre une copie totalement naturelle.
Au moins, les écouteurs font partie des excellents modèles du genre, derrière les ténors de chez Apple bien sûr. Sur ce point, Devialet parvient à un meilleur résultat que Sony. De plus, les Gemini II sont efficaces face au vent. Les saturations de microphones n'apparaissent qu'avec les fortes bourrasques. Ce bon comportement des microphones est également valable sur tous les types de bruits impulsionnels, comme une porte qui claque à proximité.
Cette dernière constatation est également valable en appel. Si la captation des microphones manque un peu de naturel (légèrement nasillarde) et n'est pas insensible aux sons sifflants, on retrouve suffisamment de nuances. Surtout, le traitement en environnement bruyant se révèle plutôt efficace, il parvient à bien isoler la voix. Cela se paie par une intelligibilité réduite, mais largement exploitable. Là encore, Devialet, sans faire d'immenses progrès par rapport à la précédente génération, fait beaucoup mieux que ce que nous délivre Sony avec sa cuvée de l'année.
Autonomie : une génération de retard en simple charge
Face aux performances dithyrambiques de Sony en matière d'endurance, tous les autres écouteurs paraissent bien décevants en comparaison. Ce constat passé, les Devialet sont tout de même dans la moyenne basse, du moins en simple charge. Sur le papier, les Gemini II disposent d'une autonomie de 5 heures.
En pratique, ce chiffre est à peu près respecté. Avec ANC, sous le codec AAC, nous sommes en effet arrivés à 5 h 20. Oui, cela reste supérieur aux Pi7 S2 de Bowers & Wilkins, mais en deçà des 6 h 15 des AirPods Pro 2. De leur côté, les WF-1000XM5 et WF-1000XM4 atteignent les 9 heures d'autonomie.
Avec le boîtier de charge, il est facile de dépasser les 20 heures, voire les 24 heures. Cela replace l'ensemble dans une bonne moyenne et contrebalance la performance en simple charge.
Le son des grands
Dans le sillage des derniers Sony, les Devialet sont peut-être leurs concurrents les plus proches, que ce soit en matière de signature sonore ou de qualité technique. L'architecture audio repose ici sur un large haut-parleur de 10 millimètres, avec membrane en titane. Ce matériau, parfois décrit comme haut de gamme, voire « intégré sur les excellents casques HI-FI », est en réalité peu utilisé sur les modèles premium, car il donne des signatures imprévisibles, surtout dans les aigus, malgré une très bonne extension. Il est davantage utilisé sur les tweeters d'enceintes, où un filtrage efficace permet de délivrer d'excellents résultats.
Justement, grâce à sa maîtrise du sujet, Devialet parvient sans peine à reprendre le flambeau des premiers Gemini, et propose à la fois une excellente qualité sonore et un réglage assez efficace. Le son des Gemini II affiche une bonne emphase dans les basses, ce sans débordement. Ce registre démontre la maîtrise du constructeur en la matière, puisque les true wireless se permettent d'afficher une grande puissance et une grande ampleur, le tout avec de vraies nuances. Cela leur permet d'être aussi à l'aise sur des genres rentre-dedans que sur des morceaux calmes.
Difficile de départager Devialet et Sony (WF-1000XM5) sur ce registre, même si ce dernier conserve sans doute un peu plus de percussions, quand les Devialet développent un peu plus d'ampleur. Difficile également de les départager sur les aigus, tant nous retrouvons des similitudes. Ce registre, animé par quelques pointes, participe au caractère expressif et percutant des Gemini II.
Si l'on accroche à cette proposition, les écouteurs proposent un sans-faute. Pour d'autres, il sera nécessaire d'abaisser un peu les fréquences autour des 4-6 kHz afin de les rendre plus doux. Notre mesure a également mis en lumière une forte pointe soudaine à 1,5 kHz, pointe que l'on ne retrouve clairement pas à l'écoute. Soit celle-ci est un artefact venant de la tête de mesure ou des écouteurs (ou de l'alliance des deux), soit nous avons affaire à un pic bien réel, mais trop resserré pour que l'oreille le détecte pleinement.
D'une manière générale, les Devialet Gemini II sont de purs exemples d'écouteurs polyvalents et techniques. L'excellent transducteur permet de se détacher du lot, et d'être au coude à coude avec Sony et Technics. La disposition plus sage des Technics EAH-AZ80 se révèle souvent moins efficace en mode nomade, mais ils ne sont pas inférieurs aux deux autres.
Par rapport aux WF-1000XM5, tout est affaire de légères préférences. Les Devialet parviennent à être légèrement plus amples sur les basses et légèrement plus riches dans les très hautes fréquences. De leur côté, les Sony conservent un peu plus de maîtrise sur les basses, en particulier en s'approchant des médiums, et ils conservent une scène sonore un peu plus spacieuse. De façon purement subjective, Sony reste très légèrement devant, en tout cas sans égalisation. Dans un cas comme dans l'autre, nous avons droit à la crème de la crème, des true wireless qui s'adaptent à toutes les exigences modernes.
Oui, mais les premiers sont vendus à 319 euros, les seconds, à 399 euros. Mis à part quelques détails et certains choix, les Devialet ne sont pas meilleurs que les Sony.
Devialet Gemini II : l'avis de Clubic
Nouveau tour de force de la firme française, les Devialet Gemini II se hissent une fois encore dans le cercle très fermé des meilleurs écouteurs haut de gamme du marché. Grâce à un bon travail sur le design, cette deuxième version corrige la plupart des défauts de jeunesse de la première mouture, tout en appliquant enfin l'identité complète de la marque.
D'un point de vue technologique, Devialet parvient une fois encore à concilier un excellent ANC et une reproduction sonore de haute volée. Cela permet presque de faire oublier leur faible autonomie en simple charge.
Mais, malgré leurs excellentes dispositions, les Gemini II se heurtent à un prix de vente très (trop ?) élevé. Cela n'efface pas leurs très grandes qualités, mais altère fatalement leur attractivité.
- Qualité sonore
- ANC au sommet
- Qualité de fabrication
- Multipoint
- Isolation des aigus (pour des intras)
- Autonomie en simple charge
- Pas de mode Passif