Tristan Nitot, responsable marketing de Mozilla Europe (éditeur de Firefox) concède : « j'ai entendu qu'il ne fallait pas empiéter sur le numérique, ne pas filtrer Internet. Ce ne sont pas de mauvaises idées mais en même temps, les activités législatives successives comme la Dadvsi, la Loppsi, l'Hadopi vont à l'encontre de ces discours. Il y a un décalage entre le discours et les actes. J'aurais donc espéré que d'autres sujets soient évoqués comme le Libre par exemple ».
Jacques-Antoine Granjon, cofondateur de Vente-privée.com : « j'attends de cet e-G8 que les pays européens mènent une politique européenne c'est-à-dire qu'ils mettent à bas les disparités entre Etats européens. Dans chaque Etat-membre, Internet, la fiscalité sont différentes. En France, nous devons avancer avec des boulets au pied. Il faut savoir que l'Europe est un petit marché alors que nos concurrents sont extrêmement puissants. Il serait donc bien que l'e-G8 prenne conscience de son marché ».
Pour rappel, lors de la conférence d'introduction du forum, Nicolas Sarkozy a souhaité que ce rendez-vous agisse comme un accélérateur de décisions entre responsables. Par ce biais, le chef de l'Etat compte même établir un ensemble de règles en partant du G8 puis « pourquoi du G20 pour, un jour, aller devant l'Assemblée générale de l'ONU... »
Face à cet optimisme, l'Europe représentée par Neelie Kroes est restée plus pragmatique : « En tant que néerlandaise, je suis naturellement pragmatique. C'est pourquoi j'ai rappelé à tous que j'espère que ces concertations aboutissent sur des propositions concrètes. Encore une fois, j'en appelle aux professionnels à venir débattre avec nous ».
Reste la société civile. Peu représentée, elle a néanmoins tenté de donner de la voix en organisant notamment une session « hors programme ». Jeremie Zimmerman, porte-parole de La Quadrature du Net explique ses motivations : « j'attends que les citoyens voient plus loin que les jolis discours destinés à un parterre de chefs d'entreprises. D'un côté les discours, de l'autre les actes, c'est une politique que pratique Nicolas Sarkozy depuis quelques années déjà. J'espère donc seulement que les internautes vont faire preuve de résistance créative ».
Une position partagée par Lawrence Lessig, spécialiste de la propriété intellectuelle et pratiquant d'une limitation du droit d'auteur : « Internet s'apprend par lui-même. Il y a donc un besoin d'enseigner et d'apprendre mais ce sont aux internautes de se saisir des problématiques qui les concernent ». Reste donc à savoir si le prochain e-G8, hypothétiquement organisé l'an prochain, sera plus ouvert aux utilisateurs.