Entre l’IA qui s’invite partout, des bugs qui s’accumulent, une panne mondiale et une bataille acharnée pour imposer Windows 11, Microsoft n’a pas chômé ces douze derniers mois. Des innovations, des couacs et quelques (bonnes) surprises au passage : on vous fait le récap des temps forts qui ont marqué l’année du géant de Redmond.

IA, pannes, Windows 11 : retour sur les 10 actus majeures de Microsoft en 2024 © HJBC / Shutterstock
IA, pannes, Windows 11 : retour sur les 10 actus majeures de Microsoft en 2024 © HJBC / Shutterstock

#1 Recall : la surprise dont on se serait bien passée

20 mai 2024 : Microsoft tient son Surface Event, et les attentes sont élevées. C’est alors que Microsoft décide de gratifier le monde d’une petite surprise et sort de son chapeau… Recall, une fonctionnalité dopée à l’IA avec laquelle l’entreprise espère bien faire le buzz. Et c’est exactement ce qui s’est produit. Mais pas tout à fait de la manière envisagée par Redmond.

De fait, Recall emballe autant qu’elle inquiète. Rapidement, on s’interroge sur les garanties de sécurité et de confidentialité sur lesquelles Microsoft a visiblement oublié de se pencher. Historisation de données extrêmement sensibles, base de données non chiffrée, activation par défaut, intégration en dur dans le système, Redmond se prend une volée de bois vert et finit par reporter son déploiement à une date indéterminée. Quelques semaines durant, on n’entend plus parler de Recall.

À la rentrée, l’entreprise remet le couvert et confirme avoir corrigé les problèmes majeurs remontés jusqu’à présent. Activation manuelle, chiffrement dans le TPM, filtres – à moitié fonctionnels – destinés à empêcher la capture d’éléments confidentiels, désinstallation possible – mais pas pour tout le monde – Recall tente de se racheter une conduite, mais les internautes n’en veulent toujours pas. Pas grave, Microsoft y va quand même, et démarre la phase de test fin novembre.

#2 Copilot+ : de grandes promesses, mais des PC qui toussent parfois

Le Surface Event aura aussi été marqué par le lancement des PC Copilot+ et le renouvellement de la gamme Surface Laptop. Équipés de processeurs Snapdragon X Elite (NPU 45 TOPS), annoncés comme révolutionnaires, et d’une touche Copilot dédiée à l’intelligence artificielle, tout semblait taillé pour impressionner.

Mais dans les faits, le bilan est plus mitigé. Si la puce offre des résultats honorables avec des logiciels optimisés pour ARM, les usages plus traditionnels montrent rapidement leurs faiblesses. L’émulation via Prism, censée assurer la compatibilité avec les applications et jeux x86, entraîne une nette perte de fluidité, et la partie graphique peine à convaincre. À titre d’exemple, nos tests de Shadow of the Tomb Raider sur la Surface Pro 11 ont plafonné à 23 FPS en Full HD, en moyenne. En bref, il y a de l’idée, mais on attend encore mieux pour 2025.

#3 ARM et Windows : une histoire d’amour compliquée (mais qui avance)

Parlons ARM, justement. Après des années d’essais infructueux – coucou Windows RT –, Microsoft fait enfin état d’une vision claire pour ce type d’architecture. Avec Windows 11 24H2 et son partenariat renforcé avec Qualcomm, Redmond s’appuie sur des arguments solides : une consommation énergétique pensée pour allonger l’autonomie des machines, et des NPU capables de gérer localement les calculs d’intelligence artificielle, de fait plus fluide et rapide.

Les efforts commencent d’ailleurs à porter leurs fruits. Des applications comme Photoshop, Chrome, Drive, Proton VPN, Signal ou encore Arc Browser sont désormais proposées en version native pour ARM. En parallèle, Prism, émulateur maison similaire à Rosetta 2, améliore progressivement la compatibilité avec les logiciels x86. Mais tout n’est pas encore parfait. Windows ARM montre parfois ses limites, et la comparaison avec les solutions ARM d’Apple n’est pas toujours flatteuse. Malgré tout, Microsoft semble enfin tenir le bon bout, et ça, c’est plutôt chouette.

#4 Windows 11 24H2 : une mise à jour qui trace la route

Toujours pas de Windows 12 à l’horizon, mais une mise à jour majeure qui a tenu les foules en haleine. Début octobre, Microsoft annonce le déploiement officiel de Windows 24H2, déjà si commenté qu’on aurait presque pu avoir l’impression de l’avoir co-développé. L’update n’apporte pas de nouveautés esthétiques significatives, mais elle fait place nette pour d’autres chantiers menés de front par Redmond : l’intelligence artificielle, la mort de Windows 10, les interactions mobiles. On a donc pu repérer, ici et là, quelques fonctions et ajustements pratiques, comme Voice Clarity, qui filtre les bruits environnants pour des appels plus nets, la prise en charge du Wi-Fi 7, l’intégration de la commande sudo, ou encore des contrôles liés au capot plus flexibles.

Comme à son habitude, Microsoft a opté pour un déploiement progressif en trois temps, histoire de corriger les instabilités de dernière minute et de peaufiner certains détails.

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#5 Des bugs en folie et des écrans plus bleus que le bleu des yeux de Bill Gates

Windows 24H2 s’est certes fait désirer, mais peut-être aurait-on dû l’attendre plus longtemps ? De mémoire collective, rarement les bugs se seront enchaînés à un rythme aussi soutenu. Disparition du curseur, problème de cache fantôme, incompatibilités SSD, prise d’otage organisée par Mobile Connecté, interférence avec la connexion Internet, mauvaise gestion des pilotes audio, écrans bleus de la mort, la dernière update du système d’exploitation n’aura pas épargné grand monde. Des problèmes à répétitions devenus running gag, et pour lesquels Microsoft a parfois délégué ses responsabilités aux constructeurs de PC et de composants.

Pour autant, il serait malhonnête de ne faire porter le chapeau qu’à Redmond. Si certains bugs étaient naturellement attendus, leur profusion s’explique aussi par l’impatience des utilisateurs et utilisatrices. En forçant l’installation de la mise à jour sur des machines non encore intégrées au calendrier de déploiement, beaucoup ont contribué à alourdir les remontées de problèmes, perturbant ainsi la résolution progressive que Microsoft avait planifiée. Tel est pris qui croyait prendre !

#6 Windows 10 : c’est la guerre

C’est LE bras de fer de l’année : Microsoft ne veut plus de Windows 10, mais les internautes, eux, ne veulent pas de Windows 11. Plutôt clémente au début, l’entreprise a fini par perdre patience et mettre en place une stratégie prosélytique agressive. Intensification d’alertes promotionnelles à peine déguisées sur les systèmes bientôt obsolètes, double meurtre du canal beta, ajouts de petites fonctionnalités propres à Windows 11 pour préparer le terrain de la migration, multiplication des embûches pour qui souhaitait encore installer Windows 10, mises à jour de sécurité payantes : Redmond a absolument tout fait pour forcer l’adoption de Windows 11.

Mais c’était bien mal connaître son public, plus têtu qu’un troupeau de mules. En novembre dernier, les statistiques concernant Windows révélaient ainsi que Windows 11 avait perdu des parts de marché… au profit de Windows 10. Oups.

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#7 Windows 11 enfin accessible aux PC non compatible… mais pas sans concessions

À la surprise générale, face à des utilisateurs et utilisatrices plus coriaces que prévu, Microsoft finit par céder et annonce qu’elle ouvrira finalement Windows 11 aux PC non compatibles. Une victoire pour tous et toutes ? Pas tout à fait. À bien lire les petites lignes, l’entreprise refuse toujours catégoriquement de faire l’impasse sur le Secure Boot et le TPM 2.0. Et parce qu’elle tient à rappeler qui est vraiment aux commandes, les autres machines « tolérées » devront se coltiner un watermark permanent, martelant que la configuration système requise pour faire tourner l’OS n’est pas respectée. Rancunière, Microsoft ? Oh, si peu… D’ailleurs, si Windows 11 dysfonctionne sur votre vieux PC, vous n’aurez que dix jours pour faire un rollback. Ça vous apprendra.

#8 Android toujours mieux intégré à Windows

Microsoft a renforcé les liens entre Android et Windows, avec quelques améliorations notables. Mobile Connecté trouve une petite place dans le menu Démarrer, permettant de consulter notifications, état de la batterie ou encore dernières photos d’un seul coup d’œil. Autre avancée majeure : l’intégration d’Android à l’Explorateur de fichiers. Le smartphone apparaît désormais comme un lecteur, accessible sans câble USB, au sein duquel il est facile de naviguer pour accéder à n’importe quel fichier stocké.

Un rapprochement qui n’allait pourtant pas de soi. Un peu plus tôt dans l’année, Microsoft a en effet abandonné la prise en charge des applications Android via l’Amazon Appstore. Une décision décevante, surtout pour celles et ceux qui espéraient voir Windows et Android cohabiter plus harmonieusement.

#9 L’IA et Copilot partout, mais pas encore tout à fait au niveau

Impossible de passer à côté de l’expansion de l’IA chez Microsoft. Cette année, Copilot s’est incrusté absolument partout : dans Windows, dans Microsoft 365, dans Edge, dans Teams, qu’on possède un PC Copilot+ ou non.

Dans Microsoft 365, Copilot a pris la forme d’agents intelligents pour faciliter les flux de travail en entreprise. De la transcription instantanée et multilingue des réunions Teams à des outils pensés pour rationaliser les tâches collaboratives, certaines fonctionnalités ont clairement marqué des points. En revanche, le tableau est un peu moins flatteur sur Windows 11. Mal intégrée au système – pour ne pas dire pas du tout – l’IA de Microsoft se contente du strict minimum : répondre à des questions basiques, sans possibilité de rechercher du contenu local. Dommage. Une impression d’inachevé entretenu par une application un peu cheap, il faut bien le dire. Copilot pour Windows n’est même pas native, mais encore et toujours une web app.

Côté projets, Microsoft a tenté de clarifier son positionnement. Copilot devrait bientôt devenir « Windows Intelligence », et dépasser son simple statut de chatbot. Devrait également débarquer Copilot Vision, sorte de « Recall » pour Edge, pensé pour mémoriser les interactions avec les internautes et contextualiser leur navigation.

#10 CrowdStrike : 8,5 millions de PC en panne et un été à oublier

2024, c’est aussi un gros coup de chaud pour Microsoft qui a dû gérer une crise qu’elle était loin d’avoir anticipé. En juillet, une mise à jour défectueuse de l’agent Falcon de CrowdStrike a provoqué une panne mondiale, paralysant 8,5 millions de PC sous Windows. Écrans bleus, redémarrages en boucle, et interruptions dans des secteurs critiques comme les banques, les hôpitaux ou les compagnies aériennes ont marqué cet incident comme l’un des plus graves de l’année. Si un correctif a rapidement été déployé, la reprise complète aura pris plusieurs jours.

En octobre, le bug refait surface, cette fois sur Windows 11 24H2. L’impact, bien moindre, a surtout touché Office, avec des incompatibilités gênantes. Une situation qui a, une fois de plus, provoqué quelques sueurs froides chez Microsoft, déjà sous pression pour pousser son OS auprès des entreprises.